Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 15.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— THE ECCLESIASTICAL ARCHITECTURE OF IRELAND, ANTERIOR TO THE ANGLO-NORMAN INVASION, COMPRISING AN ESSAY ON THE ORIGIN AND USES OF THE ROUND TOWERS OF IRELAND, by George Petrie (l’Architecture ecclésiastique de l’Irlande, antérieure à la conquête anglo-normande, comprenant un essai sur l’origine et les usages des tours rondes de l’Irlande). Dublin, in-4e, 1845. — Il existe en Irlande une assez grande quantité de tours rondes, terminées presque toujours par un cône en pierre ; la circonférence extérieure de ces tours a de douze à vingt mètres à la base, et la hauteur de quinze à cinquante mètres. Elles sont ordinairement assises sur une, deux ou trois marches, et l’on reconnaît, aux pierres en saillie et aux trous destinés à recevoir les poutres, qu’elles étaient divisées en différens étages, dont le nombre variait, suivant la hauteur, depuis quatre jusqu’à huit. A la base, les murailles ont au moins un mètre d’épaisseur et quelquefois près du double ; la porte, toujours assez étroite pour ne donner passage qu’à une seule personne, était à deux mètres cinquante centimètres du sol ou même plus élevée. Aucun jour n’éclairait l’étage inférieur ; les autres étaient percés d’une ouverture irrégulière qui s’élargissait d’étage en étage ; le dernier seul en avait quatre ou cinq, qui regardaient habituellement les quatre points cardinaux. La maçonnerie est en pierres sèches, le plus souvent brutes ; les intervalles ont été remplis après coup par de petits cailloux grossièrement taillés et enfoncés à coup de marteau. Ces constructions, trop étroites pour avoir servi d’habitations, trop simples pour avoir été de purs ornemens sans utilité, trop considérables et trop anciennes pour pouvoir être regardées comme une dépendance d’autres bâtimens, trop répandues pour être des caprices individuels, et trop indifféremment bâties au bord des lacs, au sommet des montagnes, dans les îles les plus désertes, pour avoir une destination locale, avaient souvent occupé les archéologues irlandais ; mais jusqu’ici toutes les investigations n’avaient abouti qu’à des rêves plus ou moins patriotiques. Ces archéologues y voyaient des ouvrages phéniciens, des monumens bouddiques ou des restes du gaurisme, et les faits sur lesquels ils s’appuyaient, étaient encore plus hasardés que leurs conclusions. L’académie irlandaise a senti la nécessité d’éclaircir enfin ce point si obscur de l’archéologie nationale, et le livre de M. Petrie a complètement rempli son but ; tous les élémens de la question y sont consciencieusement étudiés et appréciés avec un esprit de critique bien rare, même chez les antiquaires du continent. M. Petrie a facilement reconnu que la maçonnerie était absolument celle des plus vieilles églises irlandaises, que souvent dans la construction des fenêtres on retrouve ce mélange alternatif de pierres courtes et longues qui caractérise l’architecture saxonne en Angleterre, et que les ornemens qui enrichissent les tours de Kildare et de Timahoe ne permettent pas de leur assigner une date fort ancienne. L’impossibilité de faire remonter ces constructions à une époque antérieure à notre histoire, le silence de toutes les annales, obligeaient d’en déterminer la destination à l’aide de la disposition et de forme du monument, et M. Petrie en a conclu, sinon avec certitude, au moins avec une vraisemblance très suffisante dans les questions archéologiques, que ces tours, qui se trouvaient presque constamment auprès d’une église, servaient de clocher, de place forte où l’on préservait du pillage les objets consacrés au culte, et, dans les jours de danger, d’observatoire. Il nous fait aussi connaître des églises bâties pendant le vine siècle, des oratoires encore plus