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avait plus que doublé dans les dix dernières années. Les représentations du gouvernement anglais étaient impuissantes ; vainement entassait-il précautions sur précautions, les mesures les plus répressives demeuraient comme non avenues, d’autres, plus efficaces, étaient nettement repoussées. Tel fut le sort de la proposition faite au Brésil, le 27 mai 1839, d’adopter deux articles additionnels, stipulant : 1° que les noirs provenant des captures opérées en vertu de la convention de 1826 seraient placés sous la surveillance d’un curateur choisi par la commission mixte de Rio-Janeiro, et qui, sous les ordres de cette commission, veillerait à ce que les infortunés appelés par cette convention à la liberté restassent en possession de ce bienfait (car il avait été constaté que la plupart des noirs libérés par sentence des commissaires n’avaient pas cessé d’être retenus en esclavage) ; 2° que les noirs capturés à l’avenir seraient mis à la disposition du gouvernement du croiseur qui les aurait délivrés. Une pareille proposition ne pouvait guère satisfaire le Brésil, car elle allait précisément à l’encontre de son vif désir, qui était d’entrer dans un nouvel arrangement qui facilitât à ses sujets l’exercice du commerce des esclaves. Voyant ces dispositions, le gouvernement anglais lui soumit, le 31 décembre de cette même année, un projet de convention dont l’objet était d’abandonner aux autorités du Brésil le soin de réprimer et de détruire la traite, sous pavillon brésilien, dans les limites territoriales de cet empire, et de laisser les croiseurs anglais s’acquitter de cette tâche partout ailleurs que dans ces limites. Comme on l’imagine aisément, à ce prix, le gouvernement brésilien préféra garder la convention de 1826.

Ne désespérant pourtant pas de réussir, lord Palmerston chargea, le 23 août 1840, le représentant de l’Angleterre à Rio-Janeiro de proposer une nouvelle convention, qui portait l’abolition des commissions mixtes établies dans la capitale du Brésil et à Sierra-Leone, en vertu de la convention de 1826 ; mais, si sur ce point ce projet donnait satisfaction au Brésil, il n’en était pas de même de l’article qui stipulait que désormais les Africains trouvés à bord des bâtimens capturés seraient laissés à la charge du gouvernement du croiseur, c’est-à-dire de l’Angleterre, qui seule entretenait des croiseurs. Une des conséquences de cette stipulation était de soumettre les négriers brésiliens à la juridiction des tribunaux de l’amirauté siégeant dans certaines colonies anglaises. Le nouveau projet de convention était donc bien éloigné de remplir les vues du gouvernement brésilien. Cependant, sur les pressantes sollicitations de l’Angleterre, il consentit à entrer en négociations. Un commissaire fut chargé de traiter avec le délégué anglais, M. Ouseley. Les conférences s’ouvrirent le 20 août 1841, et six jours après le commissaire brésilien produisit un contre-projet. Voici en quoi ce contre-projet différait de la convention proposée l’année précédente par lord Palmerston :