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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 15.djvu/602

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avait été plus faible que les Italiens. De là les phases exceptionnelles de la civilisation italienne. De là ces gibelins qui délibèrent s’ils doivent raser Florence, ces Vénitiens qui parlent de transporter Venise à Constantinople, ces condottieri qui portent le défi à Dieu. De là ces massacres des famille trois fois renouvelés sur une échelle gigantesque pour fonder l’autorité de la commune d’abord, ensuite l’autorité de la commune personnifié dans les seigneurs, en troisième lieu pour simplifier la géographie politique et constituer les états du XVIe siècle. villes même furent plusieurs fois reconstruites, à l’époque des expulsions d’abord, puis à l’époque des seigneurs, et chaque fois on démolit les palais par centaines. La fureur des guerres civiles renversait des monumens comme la tour des Tosinghi à Florence, haute de cent trente brasses et ornée de colonnes de marbre jusqu’au sommet. Pise perdait d’un seul coup les tours de trois cents maisons, Bologne le palais des Bentivoglio, où l’on comptait trois cent soixante-dix chambres. Plusieurs villes furent détruites à jamais. Les ravages et les massacres se succédaient presque sans interruption Rien de commun, on le voit, entre la royauté de Louis XI et la seigneurie italienne. Tandis que l’une développait la monarchie nationale, l’autre reproduisait dans les hautes régions des cours les fureurs de la guerre guelfe et gibeline ; après les avoir comprimées sur la place publique au moyen des tyrans. L’œuvre de Louis XI reste, le droit du roi se fixe dans les peuples. Il lie les consciences ; le droit du seigneurs, perd en un seul jour devant la ligne de Cambrai ce qu’elle a gagné en huit cents ans de travail et de conquêtes en Italie. Quel pouvait être le résultat de la concurrence de toutes ces forces effrénées qui se disputaient la péninsule ? Il faut le demander aux idées du moyen-âge et aux deux villes où la renaissance de l’Italie politique s’efforça de les remplacer.


III. LES GUELFES ET LES GIBELINS. — FLORENCE ET MILAN

La nationalité italienne ne pouvait être constituée que par les deux idées du moyen-âge italien ou par les deux forces de la renaissance. Ces idées conduisaient à quatre systèmes : la théocratie guelfe, l’unité impériale, la liberté républicaine, dont Florence a été l’expression la plus exquise, ou la seigneurie conquérante, dont Milan a été le siége pendant deux siècles (1).