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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 16.djvu/1021

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gouvernemens un exemple qui restera comme un reproche accablant jusqu’à ce qu’il s’en présente un qui le mette à profit.

En partant des données fournies par M. de Humboldt et qui vont jusqu’à 1804, et en me servant, pour les compléter jusqu’à ce jour et les modifier[1] dans quelques parties, des indications fournies par M. Jacob, par M. Mac-Culloch, dans son Dictionnaire du Commerce[2], et par quelques voyageurs qui ont parcouru ces contrées, je trouve que la production en métaux précieux des Andes péruviennes, comprenant toutes les mines des deux ci-devant vice-royautés du Pérou et de Buenos-Ayres, ou des deux républiques modernes du Pérou et de la Bolivie, s’élevait en minimum, au 1er janvier 1810, à 2,403,888,000 piastres, dont 2,197,803,000 représentant 53,703,316 kilogrammes de métal en argent, et 206,085,000 piastres ou 304,800 kilog. en or, et, au 1er janvier 1846, à 2,608,700,000 piastres, dont 2,380,300,000 en argent et 228 en or, ou encore à 14,088 millions de francs, dont 12,925 en argent et 1,163 en or ; ou enfin à 58,163,000 kilog. d’argent et 337,725 kilog. d’or. Ainsi les mines des Andes péruviennes ont rendu environ 1 milliard de moins que celles du Mexique.

La proportion des deux métaux est d’un kilogramme d’or contre 170 d’argent, et en valeur, au taux de la monnaie française, d’un franc en or contre 11 francs en argent[3].

Au début du XIXe siècle, le produit annuel des Andes péruviennes était de 251,242 kilogrammes d’argent, dont quatre septièmes provenaient de la vice-royauté du Pérou et trois septièmes des montagnes dépendant du gouvernement de Buenos-Ayres ; et de 1,500 kilogrammes d’or, dont 900 environ doivent être attribués au Pérou, et 600 à l’autre division du pays métallifère. Actuellement le Pérou proprement dit produit, selon le témoignage du consul anglais M. Wilson, rapporté par M. Mac-Culloch, 5,210,000 piastres. En répartissant ce rendement entre les deux métaux, suivant le rapport qui paraît avoir été celui du commencement du siècle, c’est-à-dire d’une piastre d’or sur 9, on aura pour la production actuelle 4,631,000 piastres ou 113,158 kilog. d’argent, et 479,000 piastres d’or ou 708 kilog.[4].

  1. Ces modifications concernent le Potosi ; on les verra plus bas.
  2. Édition de 1846, article Precious metals.
  3. Que si, au lieu de la version donnée par le préfet du département de Potosi, on adoptait celle qui avait été communiquée à M. de Humboldt, il faudrait aux chiffres qui concernent l’argent ajouter 279 millions de piastres, ce qui porterait la production totale des Andes péruviennes à 2,887 millions de piastres, dont 2,659 en argent et 228 en or, ou en poids à 64,980,000 kilogrammes d’argent et 337,725 kilogrammes d’or, ou enfin à 15,603 millions de francs, dont 14,440 en argent et 1,163 en or. Dans ce cas, la supériorité resterait aux Andes péruviennes.
  4. La production en or parait avoir été, à certains momens, très considérable au Pérou. Ainsi de 1754 à 1772 on a livré à l’hôtel des monnaies de Lima 6,102,139 marcs d’argent et 129,080 marcs d’or ; ce qui a dû produire près d’une piastre d’or contre 3 piastres d’argent. De 1772 à 1791, la production de l’or a été beaucoup moindre, mais cependant de plus d’une piastre d’or contre 8 d’argent, sans compter la proportion relativement plus forte de l’or qui ne venait pas à la monnaie.