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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 16.djvu/1034

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enlevé non des mains des naturels ou de leurs temples comme un butin, mais du sol où il gisait, car on n’y trouva que des peuplades sans culture. Ainsi qu’au Mexique et au Pérou, et dans plusieurs autres parties du globe au début de la civilisation, il existait au Chili, à la surface du sol, des gisemens d’or d’une grande richesse, mais restreints, dont les premiers hommes un peu industrieux qui se présentèrent purent profiter. Le i)lus ordinairement les gîtes qui ont fourni aux hommes des quantités d’or relativement grandes ont été des alluvions superficielles, où il n’y avait qu’à ramasser l’or ou à le séparer des sables par des lavages. Au Chili, c’étaient plutôt des filons dans les affleuremens desquels s’était ramassé tout l’or contenu, à l’état natif, dans la roche des filons mêmes que les siècles avaient désagrégée. L’or n’a pas cessé d’être exploité au Chili, et ce sont des filons qu’on y travaille ; mais l’industrie de l’argent a éclipsé celle de l’or, et depuis 1830, grâce à l’ordre et à la sécurité que maintient dans le pays un gouvernement éclairé, elle est devenue très intéressante. C’est dans la vallée de Copiapo qu’elle a son principal siège. Les mines les plus productives de toutes sont celles de Chañarcillo, exploitées depuis 1831 . Les mines d’argent du Chili reproduisent à peu près les caractères les plus généraux qui distinguent celles du Mexique : ce sont des filons qui coupent des terrains, ici presque toujours stratifiés, c’est-à-dire en bancs réguliers, comme les terrains des environs de Paris, et qui datent sans doute d’une époque peu différente de celle d’un soulèvement dû à des porphyres ou des granités projetés, à l’état de fusion, du sein de la terre.

On y trouve des minerais riches. D’après un mémoire plein d’intérêt qu’a publié sur la géologie et la métallurgie de la république chilienne un savant professeur de Coquimbo, M. Domeyko, la teneur des minerais qu’on traite aux ateliers d’amalgamation de Chanarcillo, et en général des mines du Chili, dépasse presque toujours 5 pour 1,000. Dans une mine voisine de Chanarcillo, la Colorada, la richesse moyenne serait de 16 pour 1,000. M. Domeyko dit avoir vu un endroit où chaque longueur de vare (85 centimètres), dans une galerie horizontale d’environ 2 mètres et demi de largeur, donnait 230 kilogrammes de métal, ou 51,000 francs. On y a trouvé une fois un bloc d’environ 3,500 kilogrammes tout entier d’argent natif ou d’argent combiné avec le chlore ou le brome ; mais, si les minerais riches sont, au Chili, dans une proportion relativement forte, d’un autre côté, les filons ont moins de puissance et de régularité. Ce ne sont plus des masses indéfinies de minerai comme à Guanaxuato ou au Potosi, où l’on pourrait puiser, les yeux fermés, à peu près indistinctement sur tous les points. Les veines sont plus minces et moins constantes ; les filons d’argent du Chili, par une circonstance qui est fréquente dans l’histoire des filous métalliques de toute