Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 16.djvu/1061

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
DE L’HISTOIRE


ET DE L’ETAT ACTUEL


DES ÉTUDES PHÉNICIENNES.




I.

Il serait difficile, je crois, de trouver dans l’histoire des recherches paléographiques un chapitre plus curieux que celui qui concerne, les monumens écrits de la langue des Phéniciens et des Carthaginois. Depuis deux siècles, tant d’efforts ont été tentés pour arriver à une interprétation satisfaisante de ces monumens, tant d’intelligence a été dépensée pour payer des résultats parfois si peu dignes d’estime, qu’il n’est pas inutile de raconter purement et simplement la marche qu’a suivie une étude qui, sans avoir toujours évité le ridicule, mérite encore cependant qu’on s’efforce un peu de la réhabiliter et de la remettre en honneur. Dire aujourd’hui qu’on s’occupe de déchiffrer les inscriptions phéniciennes et puniques, c’est à peu de chose près se mettre de gaieté de cœur sous le feu des railleries les plus piquantes, je le sais parfaitement ; mais, comme les railleries ne m’effraient pas outre mesure, je me résigne tranquillement à les subir, et d’autant plus tranquillement, que je pense m’y exposer en fort bonne compagnie, avec les Barthélémy, les Swinton, les Bochart, les Sylvestre de Sacy, les Ackerblad, les Gesenius, les Étienne Quatremère, les Lanci, les de Luynes et tant d’autres. D’ailleurs il n’y a pas de moquerie qui puisse balancer un seul instant la satisfaction d’amour-propre infailliblement réservée à