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et dont les grappes gigantesques se vendent à Alger même de 10 à 20 fr., selon le nombre des bananes que le régime présente, réussira parfaitement, quand on pourra lui fournir des arrosages abondans avec une situation chaude et abritée. Le dattier, sans lequel le Sahara serait inhabitable, offre l’avantage d’utiliser les lieux qu’une chaleur excessive rendrait peu propres aux autres travaux. M. Moll recommande aussi l’introduction du houblon, qui a toutes les chances de réussite, et dont la métropole pourrait demander pour un million par an, sans préjudice des ventes faites directement aux brasseries algériennes. Avec le temps, beaucoup de végétaux négligés aujourd’hui fourniront des revenus accessoires dont le total ne sera pas sans importance pour les grandes propriétés. Si, comme on le propose, les nombreuses variétés du bambou sont introduites dans les régions marécageuses qu’elles contribueront à assainir, cette précieuse acquisition deviendra peut-être l’élément d’une industrie spéciale, comme en Chine, où le bambou se transforme en nattes, en paniers, en meubles élégans et légers, quoique très solides, en plumes et en papiers pour les écrivains, en lattes et en solives pour les constructions. Le végétal le plus commun de tous en Algérie, celui qui sert à enclore les champs, comme chez nous les épines et les ronces, le figuier de Barbarie (cactus opuntia) est, pendant les quatre mois de sécheresse, la principale ressource des indigènes. Ses fruits abondans, qui passent pour un remède contre la dyssenterie, sont dévorés par les Arabes ; ses feuilles, débarrassées de leurs pointes acérées, coupées en tranches comme les racines et saupoudrées de son, conviennent parfaitement aux bestiaux. Lorsque le partage des propriétés et la division des travaux auront multiplié les clôtures rurales, feuilles et fruits du cactus obtenus sans soins, sans dépenses, augmenteront les profits des éleveurs. Il y a mieux. Une des variétés de ce végétal, le cactus cochenillifère ou nopal, ainsi que le précieux insecte qu’il alimente, se sont si parfaitement acclimatés en Algérie, que déjà le revenu d’une nopalerie établie comme essai a dépassé toutes les espérances. Un document traduit de l’espagnol, et publié par l’administration, avait évalué le revenu des nopaleries à raison de 3,400 francs l’hectare. On annonce aujourd’hui que, d’après une expérience faite dans les terrains dépendans de la pépinière d’Alger, la plantation du nopal a rendu sur le pied de 962 kilogrammes de cochenille sèche et marchande, dont le prix commercial est de 20 francs le kilogramme. A ce compte, le revenu brut s’élèverait à 19,240 francs par hectare,