L’heure arrive ; rien, rien ne saurait la reculer. (Haut.) Il me semble, au contraire, que tu te portes bien.
Tout cela t’est indifférent ; tu ne me regardes plus. Toutes les fois que j’entre, tu te détournes ou tu baisses les yeux. Je viens de me confesser ; j’ai repassé dans ma pensée tous mes péchés, je ne puis me rappeler en quoi j’ai pu t’offenser.
Tu ne m’as pas offensé.
Mon Dieu ! mon Dieu !
Je sens que je dois t’aimer.
Tu m’achèves par ces paroles : Je dois. Oh ! dis-moi plutôt : Je ne t’aime pas, alors du moins je saurai tout. (Elle court au berceau et prend son enfant.) Mais n’abandonne pas cet enfant. Que je souffre seule de ta colère ; mais cet enfant, Henri, cet enfant, c’est toi-même ! (Elle se jette à ses genoux.)
Ne fais pas attention aux paroles qui ont pu m’échapper ; je suis quelquefois dans une fâcheuse disposition.
Je ne te demande qu’une seule parole, qu’une unique promesse : dis-moi que tu l’aimeras toujours, ce pauvre enfant !
Toi et lui, je vous aimerai. Crois-moi.
(Il l’embrasse sur le front. — Elle l’entoure de ses bras. — Le bruit du tonnerre se fait entendre, puis les sons du piano.)
Qu’est-ce cela ? Que vois-je ?
(La musique cesse. — L’enfant se cache dans le sein de sa mère.)
O mon bien-aimé, je t’apporte le bonheur et les plaisirs. Viens avec moi, viens, ô mon bien-aimé ; jette bas tous ces liens de la terre qui te retiennent ; je viens d’un monde enchanté où sans cesse resplendit la lumière… Je viens me donner à toi.
A mon secours, sainte vierge Marie !… Cette vision est pâle comme la mort, ses yeux sont éteints, sa voix stridente comme le grincement des roues d’un tombereau conduisant un cadavre.
O ma belle maîtresse, ton front est éblouissant, tes cheveux sont parsemés de fleurs…
Un drap mortuaire l’enveloppe.