sur les plages de Boulogne. 114 hommes y perdirent la vie, et 405 furent grièvement blesses. La victoire du cap Saint-Vincent avait moins coûte à l’Angleterre.
Nelson fut très affecté de ce triste revers, mais lord Saint-Vincent parvint à le ranimer : « Il n’est au pouvoir d’aucun homme, lui dit-il, de commander au succès, mais vous et vos compagnons vous l’avez certainement mérité en déployant dans cette entreprise un héroïsme et une persévérance admirables. » Cette opinion généreuse fut celle qui prévalut en Angleterre, et Nelson, que sa blessure condamnait pour quelque temps au repos, y fut reçu avec toutes les marques de distinction qu’on eût accordées à un vainqueur. Cependant les souffrances que lui occasionna sa blessure furent longues et cruelles, et, malgré son impatience ce ne fut que le 13 décembre 1797 que son chirurgien le déclara en état de retourner à la mer. Fidèle à ses sentimens religieux, Nelson envoya immédiatement au ministre de l’église de Saint-George la formule suivante d’action de graces, dont la famille ce pasteur a précieusement conservé un fac-similé : « Un officier désire rendre graces au Dieu tout-puissant de son entière guérison d’une blessure très grave, et en même temps de tous les biens que sa protection a répandus sur lui. »
Nelson avait alors, ainsi qu’il l’exposait dans un mémoire au roi, pris part à trois batailles navales, dont la première, celle du mois de mars 1795, avait duré deux jours, il avait soutenu trois combats contre des frégates, six engagemens contre des batteries, contribué à la capture ou à la destruction de 7 vaisseaux de ligne, 6 frégates, 4 corvettes, 11 corsaires et près de 60 bâtimens de commerce. Dans ses services il comptait deux siéges réguliers, celui de Bastia et celui de Calvi, dix affaires d’embarcations, de toutes les affaires de guerre les plus périlleuses celles que Tourville citait avec le plus d’orgueil dans un mémoire semblable, et cent vingt rencontres avec l’ennemi. Dans ces divers engagemens, il avait déjà perdu l’œil droit et le bras droit ; mais son pays, pour emprunter les expressions du roi George III, avait encore quelque chose à attendre de lui. Nelson, en effet, brûlait du désir de venger l’échec de Ténériffe. Il n’avait supporté qu’avec peine ce long éloignement du théâtre de la guerre, et il eût depuis long-temps rallié la flotte anglaise devant Cadix, si l’amirauté ne l’eût retenu pour lui confier la conduite des renforts qui devaient être expédiés à l’amiral Jervis. Le départ de ces bâtimens se trouvant encore différé, Nelson obtint de ne point les attendre, et, arborant son pavillon à bord du vaisseau de 74 le Vanguard, il appareilla de la rade de Portsmouth le 9 avril 1798 avec le convoi destiné pour Lisbonne.