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scientifiquement analogues au grès : tels sont les gisemens de Guanaxuato, Zacatecas et Fresnillo ; ou bien ce sont des calcaires secondaires, ainsi qu’on l’observe à Tasco, où les filons coupent en même temps d’autres couches, ou enfin ce sont des porphyres : Real del Monte en est un exemple. Dans le voisinage des filons, on voit habituellement apparaître des mamelons de porphyre, qui attestent un soulèvement du terrain dû à des masses porphyriques sorties incandescentes du sein de la terre pendant un ébranlement qui probablement en fit jaillir les filons eux-mêmes, ou qui peut-être se borna à relever des terrains déjà rendus riches en argent.

Au Mexique, la plupart des roches qui composent la croûte terrestre, soit qu’elles appartiennent à la classe des terrains qui se présentent en bancs réguliers les uns au-dessus des autres, parce qu’ils ont été déposés par les eaux, soit qu’elles se rangent dans cette autre classe qui doit son origine au feu, et qui, par conséquent, n’offre pas la disposition en assises ou couches qui résulte de l’origine aqueuse, sont coupées par des filons de quartz. L’un des caractères de ces filons, sur le sol mexicain, est de renfermer le plus souvent des sulfures métalliques, combinaisons du fer, ou du zinc, ou du cuivre, ou du plomb, avec le soufre, qui joue un si grand rôle dans la nature, et il est bien rare qu’au milieu de ces sulfures on ne rencontre pas celui d’argent ; le filon alors forme une mine de ce précieux métal. Or, à mesure qu’on s’avance de Mexico vers le nord, on voit se multiplier ces filons de quartz plus ou moins mêlé de sulfures métalliques : suivant M. Duport, quand, se dirigeant vers le golfe de Californie, on traverse la chaîne principale, une fois qu’on est sur le versant occidental, c’est le pays tout entier qui est composé de roches sillonnées de veines de quartz sur un espace immense. C’est assez dire, ajoute-t-il, que les gisemens exploités depuis trois siècles ne sont rien auprès de ceux qui restent à explorer.

Ces caractères généraux ou d’autres qui y sont analogues se répètent sur la majeure partie de la longue chaîne des Andes et dans les cordillères ou ramifications que la chaîne centrale jette à droite et à gauche. Les substances avec lesquelles l’argent est en combinaison peuvent varier ; les roches traversées par les filons ne sont pas partout absolument les mêmes. Ainsi, au Mexique, les filons d’argent ne sont que par exception dans le calcaire ; ailleurs ils s’y tiennent habituellement, et, au Pérou, la mine de Gualgayoc offre un filon au travers de couches calcaires d’une époque relativement récente, quoiqu’elle soit infiniment antérieure à l’homme, celle à laquelle les géologues rapportent le dépôt de la craie dont sont formés de si vastes terrains, à commencer par les environs de Paris. Un gisement pareil est regardé dans la science comme une rareté ; mais le fait dominant pour l’économie générale du globe.