et le port de Bouc par l’insalubrité de l’air, la rareté de la culture et surtout l’imperfection des moyens de transport, auraient dû interdire à l’industrie l’accès de ce pays : loin de là ; sa force d’expansion l’a emporté sur toutes celles qui se réunissaient pour la comprimer. Indépendamment des établissemens signalés plus haut, les anciennes salines se sont étendues ; de nouvelles salines, des minoteries, des fabriques de produits chimiques, des huileries, se sont, depuis vingt ans, multipliées autour de la mer de Berre ; ces nombreuses usines emploient à cette heure, en machines à vapeur ou en chutes d’eau, une force de six cents chevaux, et le mouvement de la navigation des six petits ports qui les desservent, c’est-à-dire des Martigues, du Ranquet, de Saint-Chamas, de Berre, de la Tête-Noire et du Lion, est de 50,000 tonneaux à l’entrée, de 75,000 à la sortie[1].
La circulation sur le canal d’Arles à Bouc a été en
1842 de | 861 bateaux portant | 89,867 tonneaux. |
1843 | 1538 — | 194,024 |
1844 | 1552 — | 190,990 |
1845 | 1868 — | 223,794 |
Le tonnage extérieur du port de Bouc, non compris celui de ses deux entrées intérieures par le canal d’Arles et l’étang de Caronte, a été dans ces mêmes années
1842 de | 75,577 tonneaux. |
1843 | 104,903 |
1844 | 138,949 |
1845 | 168,880 |
Si, dans des circonstances si défavorables, le pays a fait de pareils progrès, que n’est-il pas permis d’en attendre lorsque les canaux maritimes d’Arles et des Martigues terminés feront du bassin de Bouc l’avant-port d’une navigation intérieure alimentée par tous les produits et tous les besoins de la vallée du Rhône et des bords de la mer de Berre ? Les centres actuels de population s’étendront et se fortifieront ; il s’en formera de nouveaux à l’entour ; les mille matelots des Martigues ne suffiront pas long-temps aux exigences d’une industrie dont les forces auront doublé ; ils remonteront, pour le dépasser bientôt, au nombre qu’ils présentaient sous Louis XIV et sous Louis XIII. Arles aussi reconquerra son ancienne splendeur. L’agriculture y concourra autant au moins que la navigation, et la nécessité d’alimenter les populations laborieuses qui se presseront autour d’elle forcera le vaste désert qui l’environne à se transformer, sous l’action bienfaisante des eaux du Rhône et de la Durance, en campagnes fécondes.
- ↑ Cette navigation étant intérieure n’est pas mentionnée dans les états des douanes. Le relevé en a été fait par M. de Gabriac, ingénieur des ponts et-chaussées.