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école, la dépense, sans être directement productive, atteindrait au moins 130,000 francs.

Plus sera considérable la somme consacrée primitivement à l’achat du bétail, plus on augmentera les chances de succès. C’est surtout en facilitant la consommation de la viande qu’on assurera ce bien-être, cette vigueur du corps et de l’esprit nécessaires pour attacher les travailleurs à l’Algérie. En France, la consommation annuelle de la viande n’atteint pas 12 kilogrammes par tête. Si l’on observe que la ration des personnes aisées est dix fois plus forte que cette moyenne, on restera tristement convaincu que la majorité des Français est complètement privée de l’aliment le plus nutritif. Les généreuses dispositions que M. Talabot a prises en faveur de ses ouvriers ont élevé leur consommation presque au niveau de l’Angleterre, c’est-à-dire à 66 kilogrammes et demi par tête, y compris les femmes et les enfans. Nous voudrions que les laboureurs algériens fussent aussi bien traités que les forgerons du Tarn. Il faudrait pour cela, suivant les calculs de M. Talabot, abattre par année 500 bêtes à cornes, ou leur équivalent en espèces diverses. Il serait peut-être difficile d’acquérir au début des troupeaux assez nombreux pour de tels besoins. On n’y pourrait suffire qu’en achetant pendant les sécheresses des bêtes maigres à engraisser avec les fourrages en réserve. Nous remarquerons à ce sujet que, si la colonisation s’étendait subitement sur une grande échelle, il y aurait des demandes de bestiaux si considérables, que leur valeur augmenterait au point de fausser tous les calculs provisoires. On resterait sans doute au-dessous des besoins, en attribuant 100,000 francs au premier achat des troupeaux.

Établissons d’après ces données diverses le compte général des frais d’établissement :


Francs
Défrichement de 2,000 hectares à 100 francs 200,000
Travaux de terrassement pour les eaux et les chemins 50,000
Maisons d’habitation, corps du village 300,000
Mobilier pour les logemens d’ouvrier 20,000
Bâtimens de ferme (ateliers, étables, greniers, écuries) 100,000
Bâtimens d’administration (bureaux, corps-de-garde, chapelle, école) 30,000
Matériel d’exploitation (instrumens aratoires, plants et semences) 60,000
Bétail (premier fonds d’achat, environ 4,000 têtes) 100,000
Dépenses diverses et imprévues 40,000
Total du capital immobilisé 900,000
Fonds de roulement (subdivisé en deux parties, 1° pour les besoins journaliers de la circulation, achats, avances, salaires, etc., environ 300,000 fr. – 2° Somme égale de 300,000 fr. tenue en réserve, et placée provisoirement sur bonne hypothèque en Algérie, à 5 pour 100 au moins.) 600.000
Total général 1,500,000 fr.