Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 18.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses caractères, à l’un de ces trois termes de comparaison : l’état d’enfance, — les diverses classes du règne animal, — les degrés inférieurs de l’échelle des races humaines.

Le retour d’un individu de la race blanche vers les conditions physiques et morales des races inférieures constitue le premier degré de l’idiotie, ou, en d’autres termes, l’imbécillité. On n’a jamais vu un Mongol avoir les mêmes idées, les mêmes traces de dispositions natives, qu’un Français ou un Italien. En descendant l’échelle des populations qui couvrent la surface de la terre, on arriverait ainsi à reconnaître que l’infériorité de certaines races constitue vis-à-vis de l’état plus élevé de certaines autres des idioties relatives. Les imbéciles se montrent, sous ce nouveau point de vue, des êtres auxquels le germe de la civilisation au milieu de laquelle ils sont nés n’a point été transmis.

Les rapports qui unissent chez nous les infirmes aux hommes des races dégradées sont innombrables : nous en choisirons seulement quelques-uns. Le retour aux races noires ou basanées se manifeste quelquefois jusque dans le ton de la peau ; les crétins, les imbéciles, l’ont assez souvent dure, olivâtre, ou même tout-à-fait brune. La main, revêtue d’une enveloppe rugueuse et inégale, ne donne, comme chez les nègres, qu’un toucher imparfait. Les cheveux, ordinairement courts, noirs et crépus, les rapprochent encore de la race éthiopique ; d’autres fois, ils sont fins et rares, comme ceux des Malais. Le front comprimé, le nez aplati à sa racine, les lèvres épaisses, les yeux fuyans et relevés aux coins, les mâchoires avancées, autant de caractères qui dessinent les types dégradés de l’espèce humaine, et qui peuvent également servir à tracer la physionomie générale de l’imbécillité. Une autre circonstance vient compléter le rapprochement : à mesure que l’on s’éloigne de la race caucasique, on voit la tête se renfoncer dans les épaules, les jambes et les bras s’étendre ; on arrive ainsi jusqu’aux singes, dans lesquels la disproportion du cou et des extrémités tactiles est poussée jusqu’à ses dernières limites. Les crétins ont de même le cou volumineux et court ; les imbéciles, surtout les rachitiques, ont généralement les bras très longs ; le coude, qui, dans la race caucasique, correspond au niveau du bassin, descend chez eux, comme chez les nègres, beaucoup plus bas. L’histoire nous a conservé, dans la personne d’Artaxercès, dont l’extrémité des mains atteignait le genou, l’exemple d’un de ces retours à l’animalité, si fréquens dans les races anciennes de l’Asie.

La sensibilité est très obtuse chez les crétins et les imbéciles ; ils ne craignent ni le froid, ni le chaud, ni les tortures auxquelles nul autre ne résisterait. Le sauvage de l’Aveyron errait durant les froids les plus rigoureux de l’hiver, revécu d’une chemise en lambeaux. On a trouvé de ces malheureux qui, mutilés par les rats, n’avaient pas la conscience