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LE


SALON DE 1847.




LA PEINTURE.




On parlait depuis deux ans du tableau de M. Couture comme d’une œuvre capitale, qui devait régénérer la peinture française. Que dis-je ? il ne s’agissait pas seulement de régénérer l’école française, il s’agissait de la créer. Poussin et Lesueur étaient comme non avenus ; le nom de Lebrun n’était pas même prononcé. L’école française devait commencer avec M. Couture. Que reste-t-il aujourd’hui de tout le bruit qui s’est fait autour des Romains de la décadence ? Sans tenir compte des louanges exagérées dont l’auteur n’a pas à répondre, que devons-nous penser de cette œuvre capitale, si pompeusement annoncée ? La partie sensée du public commence déjà à revenir de son engouement ; tous ceux qui s’étaient pressés d’admirer sur parole lâchent pied de jour en jour et osent à peine défendre leur premier sentiment. Il est permis maintenant à la critique impartiale et désintéressée d’exprimer son opinion sans s’exposer au sort de saint Étienne. Nous pouvons, sans courir le risque d’être lapidé, signaler franchement les défauts et les qualités du tableau de M. Couture. Le dessin, il faut bien le dire, ne se distingue ni par l’élégance, ni par l’élévation, ni même par la correction. Toutes les figures sont vulgaires ; l’expression des visages manque de variété.