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ordinairement des mines d’autres métaux, où il apparaît comme un produit accidentel ou secondaire, métallurgiquement parlant. Ainsi la plupart des mines de plomb, sur le continent, sont argentifères, et plusieurs ne s’exploitent plus qu’en vertu de l’argent qui s’y trouve, en bien petite dose cependant, associé au plomb. De même d’un certain nombre de mines de cuivre. Une petite portion d’or accompagne fréquemment l’argent.

Depuis la découverte de l’Amérique, la baisse de valeur qu’ont éprouvée les métaux précieux peut avoir été la cause de l’abandon de quelques exploitations européennes, dont le vulgaire attribue les ouvrages aux Romains et aux Sarrasins. Il ne faudrait cependant pas croire que l’Europe produisît, avant la découverte de l’Amérique, plus de métaux précieux qu’elle n’en a fourni après. Par l’effet du perfectionnement des arts métallurgiques et mécaniques, le plus grand nombre des mines de l’Europe continuèrent d’être travaillées, et de nouvelles furent ouvertes avec profit. La recherche des métaux précieux, en Europe, devint plus active au bruit des succès qu’obtenaient les mineurs dans l’autre hémisphère, et assurément la production de l’Europe en métaux précieux est plus grande aujourd’hui qu’avant Christophe Colomb.

Jusqu’à ces dernières années, l’Allemagne et le reste de la vallée dit Danube ont eu le privilège presque exclusif, dans l’Europe proprement dite, de la production des métaux précieux. La Bohême cependant n’en est plus aux beaux jours des mines de Joachimsthal. La Saxe[1], si savante dans l’art du mineur, et les montagnes du Harz, où les mines sont si intéressantes par la hiérarchie sympathique qui lie les uns aux autres, du faîte aux plus humbles rangs, tous les hommes livrés aux travaux souterrains, continuent d’être productives en argent. De même le Tyrol. La Hongrie, qui rend une assez belle quantité d’argent, donne en même temps, par les mêmes mines, avec la Transylvanie, la majeure partie un contingent des états européens en or. La Suède et la Norvége fournissent un peu d’argent, quoique les mines de Kongsberg soient bien déchues. L’Angleterre, qui fouille avec tant d’énergie et de succès les entrailles de la terre et qui possède d’admirables mines de cuivre, de plomb, d’étain, de fer, de houille, ne compte ni l’argent ni l’or en quantité appréciable parmi ses productions. C’est à peine si, dans son traité sur les métaux précieux, M. Jacob mentionne vaguement quelques, mines du nord de l’Angleterre comme rendant, à titre de produit accessoire, quelque peu d’argent.

L’Espagne, depuis trois siècles, avait cessé de fournir des métaux précieux. La mine de mercure d’Almaden y restait florissante ; mais

  1. Les gîtes métallifères de la Saxe et de la Bohème sont dans les montagnes appelées l’Erzgebirge. Le démembrement de la Saxe, en 1815, en a donné une portion à la Prusse.