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poussés à bout pour arborer sur leurs remparts, en face de la bannière choisie par eux, celle du prétendant, contre lequel ils se sont jadis déclarés les premiers ; il fallait qu’ils doutassent de leur force et sentissent le besoin de s’appuyer au dehors pour tendre la main à des hommes avec lesquels ils ne pourront jamais s’entendre. La défaite et la mort de l’aventurier écossais Mac-Donald, qui se fit tuer bravement à la tête d’un parti de miguélistes, fut une troisième victoire pour les chartistes, mais elle ne compensait point le danger de cette coalition inattendue. Un nouvel orage se formait, et tous les mécontentemens allaient trouver leur expression. — Nous ne tenons pas pour le prétendant, disaient les anciens officiers de dom Miguel, nous voulons nous venger d’un gouvernement qui viole ses promesses et refuse de nous payer ce qui nous a été accordé par la capitulation d’Évora. -Une pareille alliance devait compliquer singulièrement la guerre civile. Le parti absolutiste reparut menaçant et relevé par ceux-là même qui l’avaient abattu. Derrière le nom de dom Miguel, auquel on ne croit plus, s’abritèrent les espérances des radicaux ; ce fut alors que l’insurrection, reprenant l’offensive, vint, sous les ordres de Sà da Bandeira, débarquer au-dessus de Lisbonne et renouveler les terreurs de la capitale. Cette fois encore on parla de transaction, mais les conditions qu’on aurait pu proposer aux rebelles après la défaite de Torres Vedras eussent été rejetées par eux : celles qu’ils prétendaient dicter à leur tour n’étaient plus admissibles. La junte n’avait-elle pas déclaré la déchéance de la reine ? La cour, engagée dans cette lutte fatale, comprit alors toute la portée du coup d’état qui armait contre elle et réunissait sous les mêmes chefs les représentans des opinions les plus opposées ; elle sentit aussi que le temps des accommodemens était passé. Elle refusa long-temps d’écouter les conseils des puissances amies, s’obstinant à courir les chances d’une guerre qui pouvait bien tirer à sa fin, par la seule raison qu’elle est commencée depuis dix ans. Aujourd’hui, les dernières espérances de salut paraissent près de lui échapper ; elle pousse le cri de détresse et demande grace à son tour. Reste à savoir si la médiation de l’Angleterre amènera la solution de difficultés qui tiennent à tant de causes locales. Voilà six mois que le peuple souffre dans les campagnes, dans les villes, à Lisbonne surtout, où il ne se soutient pas, comme à Porto, par son exaltation ; il languit pauvrement sur un sol favorisé où, malgré les libéralités de la nature, il ne voit germer que des révolutions, et, ce qui est plus triste, il cherche en vain autour de lui la main puissante qui le sauvera du naufrage.

Retranchée au palais des Necessidades depuis que les guerilhas ont menacé les environs de la capitale, la cour s’agite au sein des petites intrigues. C’est un malheur pour eux et pour leurs sujets que les rois de