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est couleur de blé, selon leur expression. Il enseigne d’une main l’Évangile, qu’il tient de l’autre sur son cœur. Il a les cheveux blonds, mais la barbe est noire, ainsi que les sourcils, ce qui donne à ses yeux à demi fermés la puissance et la douceur en même temps. Les peintres de l’école byzantine proportionnent la grandeur des figures à l’importance du rôle qu’ils attribuent aux personnages représentés : ainsi les saints augmentent de taille à mesure qu’ils sont placés plus près du Christ, et celui-ci les dépasse tellement qu’on ne voit jamais que son buste.

Au bas de la coupole sont représentés des archanges debout, vêtus de dalmatiques d’or et tenant à la main de grands sceptres surmontés de l’image du Christ. Les brillantes couleurs de leurs costumes sont rehaussées par le fond noir sur lequel ils se détachent. Leur attitude respire une majesté calme. Au-dessus d’eux, on aperçoit de petits anges qui, comme de purs esprits, semblent, en se rapprochant du Christ, placé au centre, se dégager de plus en plus de la matière. Les anges n’empruntent à la forme humaine que la tête ; le corps est remplacé par des ailes en plus ou moins grand nombre. On dirait des flammes nageant dans l’azur du ciel, et c’est au milieu de ces astéroïdes qu’apparaît, sur fond d’or, l’image du Christ, immense et dominant toute l’église. Quelque part qu’on prie, on a sur soi l’œil de Dieu.

Les pendentifs représentent les quatre évangélistes écrivant sous la dictée d’un apôtre. Le reste de l’église est couvert de sujets tirés de l’ancien et du nouveau Testament. Dans les deux bras de la croix sont figurés les saints de l’école militante et ceux qui protégèrent le christianisme naissant. Ils sont tous debout et de face, n’ayant entre eux aucun lien de composition, et se détachent sur un fond noir. Cette disposition est la même pour tous les autres couvens, où, conformément aux règles immuables de l’art byzantin, on retrouve les mêmes sujets traités de la même manière et les mêmes personnages dans les mêmes poses.

Vers le bas de la grande nef à gauche, une peinture, accompagnée d’une inscription presque illisible, paraît représenter un des princes français qui se fixèrent en Grèce à leur retour des croisades. Le prince a la coiffure des rois mérovingiens, et porte une dalmatique ornée de fleurs de lis ainsi que sa couronne. Il tient dans les mains la façade d’une église qu’il avait probablement fait ériger à ses frais. Il a devant lui son fils qui porte le même costume. C’est, à mon sens, un des plus curieux vestiges du passage de nos ancêtres en Orient, et un des monumens les plus intéressans de notre glorieux passé.

Sous le portique extérieur sont figurés dans l’attitude de la prière les ascètes ou anachorètes, qui, à l’imitation des pères du désert, habitent les grottes de la montagne, où ils vivent dans la réclusion la plus absolue.