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toire de tous les états européens dans leurs relations internationales. Nos lecteurs connaissent déjà le piquant récit des tribulations des Bourbons d’Espagne et de leur déchéance. Il n’y a pas moins d’intérêt dans le tableau des affaires italiennes et de la lutte qu’a soutenue Pie VII contre l’inexorable volonté de Napoléon. En maintes circonstances, M. Armand Lefebvre montre sous un jour nouveau l’histoire diplomatique de l’époque impériale. Le succès qu’il obtient doit l’exciter à continuer son important ouvrage avec persévérance et étendue.

Napoléon, c’est encore un détail que nous devons au septième volume de M. Thiers, se plaignait, en 1807, des journalistes, qui, au lieu de contenir par une saine critique les productions du siècle, les décourageaient, les dépréciaient et les avilissaient. À quarante ans de distance, les choses sont bien changées. Si, en 1807, les critiques immolaient les auteurs, aujourd’hui ils les adulent ; autrefois ils étaient leurs bourreaux, maintenant ils sont leurs complices. Cette connivence de la critique n’est-elle pas une des principales causes de la décadence du théâtre ? Si le drame moderne, qui s’était signalé d’abord non par d’incontestables chefs-d’œuvre, mais au moins par de brillantes tentatives, ne nous offre plus aujourd’hui que des produits inférieurs fabriqués par des sociétés en nom collectif, ce triomphe de l’exploitation littéraire n’est-il pas dû en partie au désarmement de la critique ? La dégradation du talent est cependant un spectacle digne d’émouvoir la bile de ceux qui auraient encore quelque culte pour l’art et les lettres sérieuses. Il y avait un dramaturge que la nature avait heureusement doué, auquel elle avait donné la justesse du coup d’œil, l’invention, la verve, sans lesquelles il n’y a pas de succès au théâtre. Tous ces dons, mûris par l’étude, pouvaient produire les plus heureux fruits. Dans ses mains, qu’est devenu le drame ? Un roman monstrueux, une œuvre incohérente, informe, qui, après s’être étendue démesurément dans d’interminables feuilletons, est découpée en fragmens, mise en lambeaux pour qu’on puisse la produire sur la scène, et, à travers ce discordant assemblage, il y a çà et là des témoignages de force, de talent ; il y a surtout une sorte d’animation grossière, d’industrie mécanique. Que trouvez-vous dans le Chevalier de Maison-Rouge ? Un succès presque exclusivement conquis par des moyens matériels, par toutes les ressources que peut offrir une mise en scène pour laquelle on n’a rien épargné. Il y a des gens que scandalisent les prétentions de M. Alexandre Dumas ; nous le trouvons au contraire devenu beaucoup trop modeste.



Des études archéologiques en France.


On sait quelle importance ont prise depuis quelques années dans nos provinces les études archéologiques, grace aux efforts intelligens de quelques sociétés établies à la fois pour diriger, pour encourager ces études, et pour veiller à la conservation de nos vieux monumens. Parmi ces associations utiles, où l’art