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Deux traités de commerce, qui ne sont pas sans importance, viennent d’être conclus, l’un avec la Perse, l’autre avec Naples. Jusque dans ces derniers temps, la France n’était pas en relations commerciales directes avec la Perse. Désormais, par la convention qu’a signée, le 24 juillet dernier, M. de Sartiges, notre envoyé à Téhéran, la France se trouvera, envers la Perse, dans les mêmes conditions que la Russie et la Grande-Bretagne, et elle profitera de tous les abaissemens de tarif qui pourront être dans l’avenir accordés à ces deux puissances. Il ne faut pas perdre de vue que les relations avec la Perse prendront un nouvel accroissement par suite de l’établissement des lignes de bateaux à vapeur qui sillonnent la Méditerranée, et qui se prolongent aujourd’hui jusqu’au port de Trébizonde. La nouvelle convention avec la cour de Naples est destinée à compléter les clauses du traité de commerce qui avait été conclu, il y a deux ans, le 14 juin 1845 ; elle statue que toutes les productions du sol et de l’industrie des deux pays seront soumises aux mêmes droits, jouiront des mêmes faveurs, et elle accorde les mêmes immunités aux navires des deux nations. Ces transactions, et d’autres encore qui se préparent, dénotent, dans le département des affaires étrangères, une intelligente activité. D’un autre côté, de nouveaux agens sont envoyés dans des postes importans. M. de Bacourt est nommé ambassadeur à la cour de Madrid, et M. de Billing remplace à Francfort M. de Chasseloup-Laubat. Le ministère a pensé que le moment où les affaires en Espagne revenaient aux mains du parti modéré était bien choisi pour donner un successeur à M. Bresson. Si Francfort n’est pas, à proprement parler, un terrain politique, c’est un poste auquel le séjour de la diète donne une signification particulière, et qui demande dans celui qui l’occupe une connaissance approfondie du droit public de l’Europe. Aussi, M. le baron de Billing, esprit appliqué et studieux qui compte plus de vingt ans de services dans la diplomatie, y sera bien placé. Si la santé de M. de Varennes ne lui permettait pas de prolonger plus long-temps son séjour à Lisbonne, c’est M. le duc de Glucksberg qui serait nommé ministre plénipotentiaire auprès de la reine dopa Maria.

Les événemens de l’Italie préoccupent l’opinion publique en Angleterre et en Allemagne par certains côtés assez caractérisés et assez spéciaux pour qu’il ne soit pas inutile d’examiner l’attitude qu’on a prise dans ces deux pays au sujet d’une si grave question. C’est encore une manière d’apprécier l’esprit d’un peuple que de voir le contre-coup qu’il reçoit des affaires mêmes dans lesquelles il n’est pas mêlé.

En Allemagne, il y a pour l’instant, à propos de l’Italie, deux sentimens qui se heurtent et se combattent de la façon la plus curieuse du monde : le sentiment libéral, qui cherche noise au régime absolu de l’Autriche et se réjouit ostensiblement des embarras qu’il rencontre de l’autre côté des Alpes ; le sentiment allemand, qui ne peut pas admettre que ce ne soit toujours un grand service rendu à l’humanité de porter quelque part l’influence germanique, et qui regimbe à la seule pensée de voir reculer son drapeau.

Les libéraux accusent tout haut le cabinet de Vienne, ils lui montrent comme un modèle l’exemple de la Prusse, ils lui annoncent qu’il perdra la suprématie de l’Italie, comme il a perdu celle de l’Allemagne. Couverts contre la censure par l’éloge qu’ils font du cabinet de Berlin, ils rappellent à l’Autriche les contradictions de sa politique, qui sont pourtant, il faut le dire, les contradictions de