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rôle, et surtout un rôle d’un effet merveilleux ; il est également démontré aujourd’hui qu’au-dessus des plaques de gypse sculptées et peintes du palais de Khorsabad régnait une zone de carreaux émaillés d’une hauteur qu’il n’est pas possible de fixer et à laquelle se rattachait un cordon d’oves striés, peints en jaune, et faisant probablement fonction de corniche. Quant aux plafonds, ils étaient en bois et peints en bleu, à en juger par les charbons et les poutres calcinées qui ont été retrouvés dans les fouilles, mélangés avec de nombreux fragmens d’un enduit, bleu fort épais. Tous ces faits sont parfaitement constatés par les débris que M. Botta a recueillis et dont il a rapporté de précieux échantillons — qui seront nécessairement réunis au musée assyrien du Louvre.

Ne semble-t-il pas, en effet, que tout ce qui provient des fouilles de Khorsabad devrait y avoir déjà pris place ? À ce sujet, nous demanderons comment il se fait que trois figurines de terre cuite représentant, l’une un personnage barbu à tête de lion, les deux autres des dieux barbus, la tête armée de cornes et ayant une queue et des jambes de taureau, sont allées au cabinet des antiques de la Bibliothèque royale, avec un scarabée assyrien, avec des sceaux en terre cuite et avec une tête d’enfant. Nous n’hésitons pas à le dire, telle ne saurait être la destination de ces figurines, et nous ne pourrions en aucune façon comprendre qu’on voulût appliquer une fois de plus le déplorable système qui dissémine en vingt établissemens publics les objets qui, par leur nature, devraient être rapprochés les uns des autres, pour conserver toute leur valeur collective. Nous aimons donc à croire que les figurines de Khorsabad iront bientôt rejoindre les bas-reliefs et le lion du musée du Louvre ; ces objets ont été trouvés ensemble, et c’est ensemble qu’ils doivent être conservés et étudiés.

Tout le palais dont les précieux débris ornent aujourd’hui le musée assyrien était bâti sur une aire formée d’un seul rang de briques fort dures et portant des inscriptions ; au-dessous se trouvait un lit de sable du Tigre, de dix pouces d’épaisseur, étendu sur un massif de briques disposées sur plusieurs rangs reliés entre eux par du bitume. Enfin. tous les seuils des portes intérieures étaient couverts d’une dalle de pierre sur laquelle était gravé un texte cunéiforme très développé, dont les creux paraissent avoir été garnis primitivement de cuivre, à en juger par les nombreuses traces d’oxide vert qui s’y remarquent encore.


II.

Il nous reste maintenant à parler de la portion la plus précieuse à notre avis des trésors découverts à Khorsabad : on devine que nous voulons désigner ainsi les nombreuses inscriptions cunéiformes rencontrées