trouvées en 1822 sur les murs du château de Nieuport, présentent cette même analogie avec les peintures des vitraux des cathédrales. Au reste, dans les contrées occidentales, la grande peinture semble à cette époque s’être réfugiée dans les ateliers des verriers, et en Italie et en Orient dans le laboratoire des maîtres mosaïstes.
L’art, au XIVe siècle, ne fit que continuer et développer la tradition du XIIIe. Les manuscrits deviennent plus nombreux ; rassemblés à grands frais par Philippe-le-Hardi, par son fils Jean-sans-Peur, mais surtout par Philippe-le-Bon, ils forment la précieuse librairie des ducs de Bourgogne. Louis de Bruges, seigneur de la Gruthuyse, réunit de son côté une magnifique collection que possède aujourd’hui le cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale de Paris. En étudiant ces monumens d’un art que la découverte de l’imprimerie et les facilités apportées à l’exécution de compositions plus étendues par le procédé des Van Eyck allaient anéantir, on reconnaît tout d’abord que la tradition byzantine est abandonnée sans retour ; rien qui sente l’antique, rien qui rappelle les grandes et austères images de l’évangéliaire de Stavelot ou du livre du chanoine Lambert. Les influences locales l’ont emporté ; l’art est devenu flamand. L’imitation puérile de la nature, la reproduction exclusive des types nationaux, caractérisent les productions de cette époque. L’amour avec lequel l’artiste caresse ces faces bourgeoises et rubicondes, étage ces triples mentons et arrondit ces panses bien remplies, ramène directement l’art au grotesque. Tels miniaturistes et peintres verriers du XIVe siècle sont les dignes précurseurs des Quintin Matsys, des Brauwer, des Van Ostade et des Téniers.
M. Michiels, dont le livre sur la peinture flamande et hollandaise contient des pages intéressantes, mais qui pèche toujours par excès, a consacré toute la première partie de son ouvrage à la recherche et à l’exposition des causes qui provoquèrent la naissance de l’art en Flandre et en Hollande et qui présidèrent à son développement. Il n’emploie pas moins d’un volume à cette espèce de travail préliminaire. Aussi multiplie-t-il singulièrement ces origines. Il en constate sept principales : le climat, le sol, la race, les idées, les faits, les grands hommes, la multitude, d’où découlent les actions, les mœurs, les lois, les événemens, la politique, les sciences, les lettres, les arts. On sent combien tout cela est redondant, élastique et conjectural. M. Michiels nous paraît aspirer au titre d’historien philosophe, et cependant cette surabondance de logique, ces raisonnemens à l’infini pour prouver ce que chacun sait, cette minutieuse analyse de ce qui saute aux yeux, ne sont rien moins que philosophiques. Ces preuves, confusément accumulées, n’ont pour effet que de fatiguer l’attention et de la détourner du fait principal. Le vrai comme le beau est toujours simple et net.
M. Hotho, l’historien prussien de la peinture allemande et néerlandaise,