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Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 21.djvu/385

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nelles de l’Occident s’uniraient pour assurer le repos et le développement d’un état nouveau qui a grand besoin de secours.



La question de la jonction des deux chemins de fer de Versailles va de nouveau être portée devant les chambres. Cette question embrasse de nombreux intérêts ; elle soulève surtout de vives passions. Dans une assemblée générale des actionnaires de la rive gauche, tenue le 13 décembre dernier, on s’en souvient peut-être, les partisans de la fusion et leurs adversaires se sont livré une lutte acharnée ; après une discussion animée, les premiers se retirèrent en protestant ; la majorité vota le rejet des offres du gouvernement, qui proposait aux deux compagnies de se réunir pour l’exploitation en commun de la ligne de Chartres. Depuis l’agitation est allée croissant, et, à l’approche de la discussion qui va s’ouvrir dans le parlement, la rive gauche renouvelle ses réclamations, elle pétitionne et proteste contre un projet qui ne tendrait, dit-elle, à rien moins qu’à la ruiner complètement.

Tout ce bruit, tout ce mouvement, sont-ils bien sérieusement motivés ? En définitive, où veulent en venir les actionnaires de la rive gauche ? Ces mêmes capitalistes qu’on ameute aujourd’hui sont-ils menacés de quelque péril nouveau et imprévu ? Jusqu’à présent, ils ne s’étaient point cru lésés et avaient accepté comme équitable et nécessaire à la fois le projet du gouvernement, qui, pressé d’accorder à l’une ou à l’autre des deux compagnies la tête du chemin de fer de l’ouest, n’avait vu que dans une association la conciliation possible de deux intérêts également respectables. C’est en 1844 que fut votée la ligne de Paris à Rennes, et dès le 1er février 1845 ces deux compagnies signaient un premier traité d’union. Dans cette même session, une loi fut présentée pour accorder la concession aux deux compagnies réunies, mais elle resta à l’état de rapport ; portée de nouveau devant les chambres, elle fut définitivement adoptée le 21 juin 1846. Cette loi autorisait le ministre des travaux publics à concéder directement aux représentans des deux compagnies réunies le chemin de Versailles à Rennes, par Chartres, le Mans et Laval, avec embranchement du Mans sur Caen, et de Chartres sur Alençon. Sur la ligne principale de Versailles à Rennes, la compagnie adjudicataire devait seulement poser la voie ; quant aux deux embranchemens, elle les construisait en totalité. La concession ne pouvait être accordée qu’après la dissolution et la fusion définitive des deux compagnies de la rive droite et de la rive gauche d’après les bases des traités déjà signés. Ces diverses formalités devaient être remplies dans un délai de six mois, et, dans le cas contraire, le ministre des travaux publics était autorisé à procéder par voie de concurrence à l’adjudication de la voie de Rennes et de ses embranchemens. La loi du 21 juin 1846 stipulait en outre formellement que les travaux de raccordement des chemins de fer de Versailles avec celui de Versailles à Chartres seraient exécutés sans délai, conformément aux deux lois du 11 juin 1842 et du 19 juillet 1845, et à cet effet un crédit de 2 millions était ouvert au ministre des travaux publics sur l’exercice de 1846. Enfin une somme de 50 millions était affectée à l’exécution, par l’état, des terrassemens et des travaux sur la ligne principale de Chartres à Rennes.