plus de six cents lances, sans compter les arbalétriers et la bourgeoisie qui avait pris les armes. Les Juifs surtout se montraient ardens pour la défense. Enfin les deux capitaines qui commandaient dans la place, l’alguazil-mayor Fernand Alvarez et don Garci de Villodre étaient dévoués à don Pèdre et s’attendaient à le voir bientôt paraître à la tête d’une armée. Ils rejetèrent avec fierté les offres du prétendant et répondirent à ses menaces par d’orgueilleuses bravades. Malgré tous ses efforts, don Henri n’avait pu amener devant Tolède qu’un millier de lances, force suffisante à la vérité pour un blocus, mais hors d’état de tenter une attaque sérieuse contre une ville si bien fortifiée. Au reste, les obstacles naturels, qui empêchaient l’assiégeant de pousser ses opérations avec vigueur, lui permettaient de resserrer la garnison dans l’enceinte de ses remparts par des travaux peu considérables. Au moyen de bastilles élevées devant les ponts de Saint-Martin et d’Alcantara, don Henri put fermer les principales issues de la place et attendre que la famine l’obligeât à capituler.
Au printemps de l’année 1365, le royaume de Castille se partageait à peu près également entre les deux frères rivaux. Don Pèdre conservait la supériorité dans les provinces du midi. Murcie, l’Estramadure et l’Andalousie lui obéissaient, à l’exception de Cordoue et de quelques petites places sur la frontière de Portugal. La Galice, dominée par don Fernand de Castro, demeurait fidèle, ainsi qu’une partie des Asturies ; mais presque toutes les autres provinces du nord s’étaient déclarées pour don Henri. Cependant don Pèdre y conservait encore des postes isolés, quelques-uns d’une grande importance militaire. Il avait des garnisons dans Zamora, Soria, Vittoria, Logroño, dans les places maritimes de la Biscaïe et dans le Guipuzcoa. Je me borne à indiquer ici les grandes divisions, car, dans chaque province et dans chaque district, il y avait des châteaux et des maisons fortifiées qui protestaient contre le parti adopté par la masse de la population. En ce moment, quiconque possédait un donjon et quelques armures de fer était un chef indépendant, déclarait la guerre à tout son voisinage, pillait et rançonnait autour de lui, attendant que la victoire lui eût appris auquel des deux rois il devait faire acheter son adhésion.
Après avoir mis en œuvre toutes ses ressources, don Pèdre n’avait pu réunir encore que quinze cents lances et six mille fantassins ; mais à cette armée le roi de Grenade allait joindre toutes ses forces. C’était contre Cordoue que les deux rois avaient résolu de diriger leur premier effort, et don Pèdre avait juré d’en faire un exemple qui effrayât à jamais les rebelles. On a vu que le maître de Saint-Jacques, s’étant jeté