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de lord Wellington. Peu de personnes contestent que la nation française en masse se soit laissé monter au ton de l’hostilité contre l’Angleterre ; mais les adversaires des armemens et quelques-uns de ceux qui les acceptent remarquent avec raison qu’un débarquement de 50,000 hommes, avec de la cavalerie, de l’artillerie et des munitions, est une opération très difficile et très longue, qu’il y faudrait une flotte nombreuse à vapeur, et que, sous ce rapport, la France est médiocrement pourvue, malgré la multitude des navires de ce genre qui figurent nominalement sur le tableau de son effectif ; qu’il sera temps de s’émouvoir quand on nous verra rassembler dans les ports de la Manche cinquante bons navires à vapeur que nous n’avons pas, et qu’alors on n’aura pas de peine à nous opposer une flotte à vapeur qui vaille la nôtre ; enfin que 50,000 Français débarqués dans la populeuse Angleterre, maîtresse de la mer, y seraient dans le plus grand péril et le plus grand embarras. De tous les efforts en faveur de la paix, le plus énergique, le plus noble et le plus sensé est celui de M. Cobden, qui, dans plusieurs circonstances et plus particulièrement en présence des électeurs réunis pour la nomination d’un représentant du comté de Lancaster à la chambre des communes, a développé son opinion aux acclamations de ses auditeurs.

M. Cobden est un des amis les plus sincères et les plus dévoués à la paix du monde. Il croit qu’une lutte entre la France et l’Angleterre serait aujourd’hui le comble de la folie, une calamité pour la civilisation, pour l’avancement de la liberté politique et civile dans l’univers. Il sent que de vastes armemens de la part de l’Angleterre dans les circonstances actuelles compromettraient cette sainte cause de la paix et de la liberté. Des hustings de Manchester, il a prononcé des paroles qui méritent d’avoir de l’écho chez les vrais patriotes de tous les pays, chez les hommes qui recherchent le progrès des sociétés là où l’on doit le trouver véritablement. J’espère que les orateurs qui, chez nous, se mettant au-dessus de misérables préjugés, ont eu la force de se faire à la tribune les énergiques champions de la paix, jugeront que les paroles de M. Cobden sont à leur adresse, et que le manufacturier de Manchester, devenu homme public, a donné un corps à leur pensée philosophique. Je reproduis ici en substance une partie de ce discours.

« Le candidat que je vous recommande (M. Henry, qui a été élu sans opposition) soutiendra la liberté du commerce dans la question des sucres et dans celle de la navigation ; mais, j’en ai la confiance, il saura prendre la liberté du commerce par le côté le plus large. Ce que j’attends de lui et de nous tous, c’est que la liberté du commerce ne nous serve pas seulement à avoir le blé et le sucre à meilleur marché. Quel est le mobile qui nous porte en ce moment, après tout ce qui a été fait en 1846, à provoquer l’abolition ou tout au moins la réforme