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LES CIVILIENS.




MOEURS ADMINISTRATIVES DE L'INDE ANGLAISE.




Depuis le désastre de Caboul, en 1841, jusqu’à la glorieuse campagne du Punjaub, en 1846, on s’est beaucoup occupé de la politique anglaise dans l’Inde, et souvent on s’est demandé si la compagnie était restée dans les limites de son droit en absorbant ou en annihilant ainsi tous les états indépendans dont le voisinage la gênait. Nous n’entreprendrons pas de discuter la valeur des argumens dont on s’est servi pour colorer d’un semblant de nécessité les envahissemens successifs du Scind et de Gwalior, et l’occupation de Lahore. Quand les intérêts qui la font agir sont importans, la cour des directeurs témoigne l’indifférence la plus profonde pour l’opinion publique, et les orateurs dont elle dispose dans le parlement savent si bien combiner le langage des chiffres avec les séductions de l’éloquence, que l’opposition fléchit toujours devant la grandeur des résultats, et, disons-le aussi, devant la grandeur des moyens. Ne persistons donc pas à vouloir démasquer une politique qui ne daigne même pas jouer à jeu couvert, et acceptons le gouvernement de l’Inde tel qu’il est, et tel qu’il a été défini par lord Ellenborough lui-même : « un gouvernement acquis et maintenu par la force de l’épée. » Au lieu de rechercher sur quel droit s’appuie le système pratiqué dans l’Inde, il est plus raisonnable de se demander