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a cherché un administrateur bien plus qu’un savant, voient toujours de mauvais œil leurs subordonnés s’élever par des travaux et acquérir une réputation qui les rejette dans l’ombre. Ici nous pourrions citer des faits déplorables ; nous pourrions nommer un doyen qui voulait faire placer dans les combles de la faculté l’observatoire construit aux frais de la ville : il savait très bien qu’en agissant ainsi, il rendait impossible tout travail astronomique sérieux. Nous pourrions en nommer un autre qui, sollicité de prêter un instrument de physique pour des observations importantes, répondait que les instrumens de la faculté étaient faits pour être montrés aux élèves, mais ne devaient servir à aucune recherche. Et ce ne sont pas là de tristes exceptions : ces faits donnent une idée de l’esprit qui anime en général les administrateurs locaux. De son côté, l’administration centrale se préoccupe fort peu des titres scientifiques acquis par des professeurs éloignés ; aussi n’est-il pas surprenant que ces derniers renoncent à des travaux qui ne leur valent aucune récompense, qui entraînent presque à coup sûr des tracasseries et des ennuis.

Nous voudrions voir l’Université, si soigneuse de tout ce qui est administration matérielle, s’occuper aussi des progrès intellectuels. Nous voudrions lui voir témoigner quelque reconnaissance à ceux de ses membres qui ajoutent par leurs travaux à son illustration déjà si grande. Quelques mesures bien simples atteindraient ce but. L’Université pourrait demander annuellement un rapport officiel sur ce qui s’est fait dans les facultés. L’Académie des Sciences serait chargée de ce rapport, et, par son autorité même, lui donnerait une grande importance. Ce rapport serait publié, et les chefs y trouveraient des renseignemens précis, comme les travailleurs un encouragement. Nous voudrions voir les recherches scientifiques provoquées par des congés souvent nécessaires pour les compléter. Nous voudrions que l’Université contribuât par l’allocation de quelques indemnités tantôt à l’achèvement, tantôt à la publication de mémoires d’un intérêt reconnu. Enfin pourquoi n’instituerait-on pas entre les professeurs un concours annuel semblable à celui qui, tous les ans, appelle les ingénieurs des ponts-et-chaussées à décerner une médaille au meilleur mémoire inséré dans les annales publiées par cette administration ? On sait quelle émulation entretient, parmi ces anciens élèves de l’École Polytechnique, le désir de mériter cette récompense décernée par les suffrages de leurs égaux.

Une des réformes les plus importantes à introduire dans les facultés des sciences est celle du traitement. Par suite de l’inégalité du casuel, ce traitement est inférieur à celui des professeurs des lycées de première classe placés dans les cités quelque peu populeuses. C’est là une véritable injustice, car le professeur de faculté, de droit officier de l’Université, est hiérarchiquement supérieur au professeur de lycée.