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d’aucune des facultés existantes. Toutes peuvent certainement rendre de grands services ; mais nous voudrions voir quelques-unes d’elles acquérir plus d’importance. Celles-ci deviendraient des facultés de première classe qui correspondraient en quelque sorte aux facultés de médecine, tandis que les autres, conservées comme facultés de seconde classe, représenteraient les écoles médicales secondaires. Cette organisation hiérarchique offrirait, ce nous semble, de grands avantages. Pour mieux motiver notre opinion, il nous suffira d’entrer ici dans quelques détails.

Jusqu’à ce jour, en parlant des réformes scientifiques, on s’est beaucoup occupé des élèves ; personne n’a songé aux professeurs. Pourtant c’était là aussi une des faces de la question. L’homme qui se voue à l’instruction supérieure est-il placé dans des conditions telles qu’il puisse rendre tous les services qu’on attend de lui ? Trouve-t-il dans cette carrière de quoi stimuler et récompenser son activité ? Non, sans doute. Sous ce rapport comme sous bien d’autres, l’organisation des facultés présente des anomalies choquantes. On dirait qu’on a pris plaisir à les annihiler le plus possible en évitant de leur appliquer les règles les plus communes en usage partout ailleurs.

Certes, s’il est un principe essentiel à introduire dans toute carrière, dans toute administration, c’est celui de l’émulation. Nous ne comprenons pas, quant à nous, que l’état place sur la même ligne le paresseux qu’il nourrit à rien faire et le travailleur qui rend service pour service. Nous ne comprenons pas davantage qu’on atteigne de primesaut à une position qu’aucun effort, aucun travail ne pourra améliorer. Tel est pourtant le sort du professeur de faculté de province. Une fois arrivé à ce siège, qu’il travaille ou qu’il se repose, il a son bâton de maréchal. Ce qu’il est parfois à vingt ans, il le sera encore à soixante. Aussi voit-on le plus souvent les professeurs de faculté s’endormir dans une oisiveté déplorable. Le nombre de ceux qui produisent des travaux originaux, qui font avancer la science, est extrêmement restreint. Ce sont pour la plupart quelques jeunes hommes partis de Paris et encore sous l’influence des exemples qu’ils ont eus sous les yeux ; mais le séjour de la province ne tarde pas à éteindre cette ardeur, et, au bout de quelques années, celui qui promettait le plus se contentera peut-être de faire un cours tant bien que mal.

Comment en serait-il autrement ? Le travailleur, isolé en province, privé de ces communications journalières qui évitent aux Parisiens tant de pénibles recherches, dépourvu de ces mille ressources dont abonde la capitale, doit lutter contre des difficultés et plus grandes et plus nombreuses. Trop souvent ses chefs universitaires, loin de faciliter son travail, prennent à tâche de le rendre plus pénible. Un recteur presF6ue toujours parfaitement étranger à la science, un doyen en qui l’Université