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ombres, le travail est suspendu, et par là les sources mêmes de la richesse tarissent. Bientôt, si on n’arrête le cours de cette désorganisation croissante, l’assemblée nationale, troublée dans l’élaboration de sa grande œuvre, va se trouver en présence d’un trésor public à sec, d’une industrie en ruines et d’une population haletante, sans travail et sans pain. Il est temps que l’on s’occupe d’appliquer à ce mal redoutable des remèdes énergiques, et il n’y en a guère de plus efficace, dans l’état présent des choses, qu’une réforme sérieuse de nos tarifs. Pour ranimer l’industrie et le commerce, après le retour de la confiance, qui est le premier besoin, cette réforme est sans contredit une des meilleures mesures à prendre ; pour rétablir nos finances, c’est presque la seule qu’on puisse heureusement tenter. Sans nous arrêter donc à ce que de telles études peuvent avoir de malséant pour certains esprits dans les circonstances actuelles, poursuivons-les résolûment. On sera trop heureux bientôt d’y revenir pour réparer les fautes commises.

Déjà, des quatre sections qui composent le tarif de la douane, nous avons analysé la première, relative aux matières animales, en y indiquant de larges et fécondes réformes ; la seconde et la troisième appelleront aujourd’hui notre attention.


DEUXIEME SECTION. – MATIERES VENETALES.

La deuxième section du tarif, relative aux matières végétales, est beaucoup plus considérable que la première, soit par le nombre des articles qu’elle comprend, soit par l’importance des recettes qu’elle procure au trésor public. Elle se divise en dix chapitres, comme suit 1° farineux alimentaires ; 2° fruits et graines ; 3° denrées coloniales ; 4° sucs végétaux ; 5° espèces médicinales ; 6° bois communs ; 7° bois exotiques ; 8° fruits, tiges et filamens à ouvrer ; 9° teintures et tanins ; 10° produits et déchets divers. Tous les objets compris dans ces dix chapitres ont produit ensemble au trésor, en 1845, une somme de 104,098,448 francs. C’est cette vaste branche de notre système financier qui s’offre maintenant à notre analyse. Toutefois nous en écarterons d’abord le chapitre relatif aux denrées coloniales, dont nous ferons plus tard une section distincte. C’est le plus important de tous quant à la quotité du revenu, car il a produit seul, — en 1845, — 68,737,866 fr., ou près des deux tiers de la recette totale. Il ne nous reste ainsi que neuf chapitres à examiner, et nos calculs ne portent plus que sur une recette de 35,360,582 francs.

Farineux alimentaires. — Le chapitre des farineux alimentaires comprend, dans les tableaux de la douane, vingt-six articles productifs de revenu. Ce sont d’abord les diverses espèces de céréales, froment, épeautre et méteil, seigle, maïs, orge, avoine, sarrasin, articlés qui tous, excepté l’orge, sont au moins doubles, puisqu’on les distingue toujours