Années | Import. par la frontière du nord | Import. par la frontière du midi | Importations totales |
---|---|---|---|
1835 | 9,144,900 kil. | 1,035,300 kil. | 10,180,200 kil. |
1836 | 29,058,800 | 2,234,600 | 31,293,400 |
1837 | 21,449,700 | 2,663,200 | 24,112,900 |
1838 | 20,931,200 | 7,366,200 | 28,297,400 |
1839 | 18,394,300 | 10,756,600 | 29,154,900 |
1840 | 32,662,300 | 16,785,900 | 49,448,200 |
1841 | 39,380,800 | 30,661,600 | 70,012,200 |
1842 | 41,048,100 | 336,508,000 | 77,556,600 |
1843 | 24,190,200 | 37,542,200 | 61,735,400 |
Ce qui frappe d’abord dans ce tableau, c’est la rapidité et la continuité, de la progression ascendante dans le midi, où, en moins de dix ans, l’importation s’élève de 1 million de kilogr. à plus de 37 millions, sans qu’on remarque dans ce long intervalle de temps aucun pas rétrograde. Pour le nord, la marche des importations est moins régulière, ce qui s’explique sans peine par l’inégalité des récoltes. A la différence de ce qui se passe dans le midi, où on ne cultive pas les graines grasses, les graines étrangères ne sont reçues dans le nord que comme un complément de la production locale, et, selon que cette production est plus ou moins insuffisante, elle provoque une plus ou moins abondante importation.
Maintenant, quelles avaient été les conséquences de ces importations croissantes ? Il en était résulté d’abord un développement remarquable de la fabrication des huiles, tant au nord qu’au midi, dans les rayons de Lille et de Marseille. Cet accroissement de la fabrication des huiles avait naturellement tourné à l’avantage de toutes les industries, et elles sont en grand nombre, qui font usage de ce produit. Entre beaucoup d’autres, la fabrique du savon, pour laquelle l’huile est la matière première par excellence, était dans une situation florissante qui s’améliorait encore de jour en jour. Malgré l’accroissement de la consommation à l’intérieur, elle fournissait un aliment notable à nos exportations ; elle serait allée même beaucoup plus loin, si elle n’avait pas été entravée, dans une certaine mesure, par les droits excessifs établis sur les solides et les potasses[1], et par les prix trop élevés de ces produits.
Si bienfaisante pour la fabrique, cette large importation de graines étrangères avait-elle par hasard nui à notre agriculture ? Elle n’avait pu nuire dans le midi, où la culture des graines grasses a toujours été
- ↑ Les droits sur les soudes sont de 11 fr. 50 cent. les 100 kil. par navires français, et 12 fr. 60 cent. par navires étrangers. C’est environ 80 pour 100 de la valeur. Sur les potasses, les droits saut de 10, 15, 18 et 21 francs ; la valeur officielle est de 60 francs.