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générale pour faire une nouvelle cotisation et qu’ils ne doivent aucunement se plaindre d’une somme qui est si petite pour les facultés des biens patrimoniaux qu’ils possèdent. — (1553.) Enjoint aux gens d’église ayant biens patrimoniaux, suivant les lettres patentes données à Chantilly, le 13 novembre 1553, pour faire mettre et lever sur les habitans des villes closes du bailliage de Chartres la somme de 14,400 livres pour la soulde de six cents hommes de guerre à pied, faisant partie de cinquante mille hommes de guerre, à laquelle les habitans de la ville et faubourgs de Chartres sont imposés pour la somme de 6,370 livres tournois, de faire cotisation entre lesdits gens d’église de la somme de 100 livres tournois. »

(1555, 24 mars.) « Sur le refus fait par messieurs les doyen et chapitre de Chartres à Jean Piron, sergent royal, à l’égard de l’assignation qu’ils disent leur avoir été donnée à la requête de M. le procureur du roi, a déclaré qu’il n’a point entendu avoir été fait aucun exploit à sa requête à l’encontre dudit chapitre par ledit Piron, pour raison due, mais bien à l’encontre des gagiers de cette ville et faubourgs, et entend que ceux du chapitre soient priés et requis comme ils ont été ci-devant. »

En 1556 et 1557, l’assemblée des échevins fait très nettement entendre à monseigneur l’évêque « qu’elle n’est pas contente de la faible somme de 200 livres tournois qu’il a donnée pour les pauvres ; » elle « le prie d’augmenter son aumône, » sans quoi il « sera cotisé et contraint à l’avenir. » Les échevins, tout catholiques qu’ils soient, ne passent rien au clergé ; il ne faut pas qu’un prieur ou un simple moine commettent la moindre illégalité ou se permettent la plus légère infraction. Le prieur du « Grand Beaulieu » voit démolir sous ses yeux le mur qu’il a fait élever au travers d’une ruelle appartenant à la commune. MM. les chanoines, abbés et moines de toute espèce sont mis fréquemment à l’amende. Quand on pave, dépave ou repave les rues devant leurs habitations, on les fait contribuer largement et on leur envoie des sommations fort dures ; manans et bourgeois sont résolus à ne rien céder. Souvent même ils poussent l’âpreté jusqu’à l’injustice en 1525, ils ne veulent pas subvenir aux dépenses faites par une communauté pauvre et bienfaisante (les frères de l’Hôtel-Dieu) pour pavage de leur couvent, « ce qui (disent les pauvres frères) leur a beaucoup coûté. » Les évêques sont forcés de compter avec ces « manans. » L’échevinage donne à l’évêque du vin, des étoffes et des poissons, comme aux gentilshommes et aux seigneurs quand ils passent ; politesse qui d’ailleurs ne tire guère à conséquence. « MM. du mois, » c’est-à-dire les échevins, visitent les sablonnières de l’évêque, et ne permettent pas (1527) qu’il usurpe celles de la ville. Il paraît même que la ville empiète un peu sur l’évêque, qui se trouve obligé de « fulminer des monitoires, » et prend Dieu à témoin qu’on lui dérobe de la terre ou « du chaillou. » La ville alors fait son enquête, et presque toujours les choses en restent là. Qu’on lise les documens suivans, extraits entre vingt autres ; on y