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pour se rasseoir après tous ces crimes impunis qui ont troublé sa sécurité. Il ne faut pas que le général Cavaignac et ses collègues faiblissent devant cette mission qui les honorera, et qui seule affermira la république. Il faut qu’ils se portent les exécuteurs consciencieux du décret pénal rendu dans la nuit du 27 juin par les représentans de la nation. Ils ont aussi d’ailleurs une autre besogne plus douce et plus consolante. Il leur appartient de faire pénétrer un véritable esprit de lumière et de patriotisme dans ces classes égarées de la population que des rêveurs ou des artisans de discordes ont si bassement ou si malignement perverties. Il leur appartient d’organiser les remèdes possibles, de repousser avec solennité les illusions mensongères, de répandre enfin une instruction meilleure, d’opposer journal à journal, et de combattre par une sage propagande cette presse à un son dont les délégués des barricades révélaient eux-mêmes les ravages au président de l’assemblée nationale. Que le nouveau cabinet accepte courageusement le rôle considérable auquel les circonstances le sollicitent ; qu’il aille droit devant lui. Il trouvera bientôt dans le pays cette force vive qui, s’il plaît à Dieu, n’y mourra jamais, cette force admirable qui se manifeste avec tant de puissance par la fédération spontanée de toutes nos gardes nationales accourues d’un même élan au secours de la patrie, quand elles ont vu que le cœur allait cesser de battre, tant elle était en péril. Si le général Cavaignac sait rester au niveau de sa tâche, il n’est point une seule fraction de l’assemblée qui ne se reprochât amèrement de lui faire obstacle systématique. Les membres de l’ancienne chambre qui siègent dans celle-ci sont tous prêts à lui offrir leur concours désintéressé, afin de l’aider à remplir le grand devoir public dont il est chargé. Les 300 voix données à M. Dufaure, pour la présidence, n’ont point de signification hostile vis-à-vis du ministère, tant que le ministère est un gouvernement d’ordre et de loyauté.




Nous recevons, à propos de l’article de M. le maréchal Bugeaud sur les Travailleurs dans nos grandes villes, inséré dans la livraison du 1er juin, une lettre des membres de l’Union du Sig, que nous publions sans difficulté.

Besançon, le 15 juin 1848.

Monsieur le rédacteur,

« Vous avez publié récemment un article dans lequel M. le maréchal Bugeaud prédit la déconfiture très prochaine de la colonie sociétaire du Sig.


« A une condamnation aussi légèrement prononcée par un personnage aussi grave, le conseil d’administration de l’Union du Sig doit opposer la dénégation la plus formelle, et il espère de votre justice que vous voudrez bien l’insérer, en attendant qu’il ait pu rassurer directement, par un exposé plus complet, ceux des actionnaires auxquels votre numéro du 1er juin a causé une inquiétude regrettable.

« La colonie agricole du Sig, où nous essayons de résoudre le problème du travail par l’association, a traversé jusqu’ici sans trop d’embarras la crise financière qui a déjà fait tomber un si grand nombre d’entreprises individuelles. Elle continuerait à y résister par ses seules forces, si le gouvernement de la république venait à lui refuser les secours qu’une juste appréciation de nos principes et de nos actes va, selon toute apparence, lui faire obtenir. Et si, comme nous