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n’en doutons pas, nous pouvons, dès la récolte prochaine, enregistrer de notables progrès, nous ne le devrons qu’à nos colons associés, à nos directeurs et à nos seuls capitaux, car jusqu’ici, et M. Bugeaud, qui avance le contraire, peut le savoir mieux que personne, la société n’a pas encore touché un centime de la subvention de 150,000 francs qui lui a été assurée par l’ordonnance de concession, à charge par elle de fertiliser et peupler toute une commune.

« Ce n’est pas notre faute si le gouvernement déchu a rejeté en 1846 un projet de colonisation conçu par l’illustre maréchal qui commandait alors en Algérie. Ce n’est pas notre faute si, dans son amour-propre d’auteur froissé, M. Bugeaud a vu d’un œil mécontent et entravé par quelques petits mauvais vouloirs les espérances et les efforts de la société que nous représentons. Nous avons toujours pensé qu’il y avait place en Algérie pour les essais simultanés de tous les systèmes sérieux. Nous eussions vu avec plaisir s’élever concurremment, autour de notre association libre, toutes les variétés de colonies militaires et civiles successivement proposées par les hommes éminens qui se sont occupés de l’avenir de ce beau pays.

« C’est donc avec une pénible surprise que nous voyons encore aujourd’hui l’un de ces hommes s’empresser de supposer notre ruine, dans le seul but de s’enrichir d’un argument contre un système de colonisation qui n’exclut nullement le sien, qui n’a demandé qu’à subir avec tous les autres une expérience comparative sous la juste protection de l’état, et dont le succès, que nous continuons à poursuivre avec confiance, sera aussi heureux pour l’Algérie que pour nous-mêmes.

Agréez, etc.

Les membres du conseil d’administration de l’Union du Sig.

« MM. Renaud, capitaine d’artillerie, président ; Fachard, capitaine en retraite, à Besançon ; Ballard, capitaine du génie ; Grimes, capitaine d’artillerie ; Paul de Bourreul, capitaine d’artillerie ; Langlois, avocat ; Besson, avoué ; Traut, agent voyer chef ; E. Ordinaire, professeur à l’École de Médecine. »

Avant d’insérer cette réclamation, nous avons cru pourtant devoir en donner communication à M. le maréchal Bugeaud, qui nous a fait la réponse suivante :

Monsieur le Rédacteur,

« Si MM. les membres du conseil d’administration de l’Union du Sig étaient des industriels ordinaires, je me serais fait scrupule de révéler ce qui m’est attesté par plusieurs chefs militaires et par des administrateurs de la province d’Oran ; mais ces messieurs sont des réformateurs de la société qui n’attachent à leur entreprise d’autre intérêt que celui de leur théorie sociale ; voilà ce qui fait tomber leur œuvre dans le domaine de la discussion.

« Ai-je été bien informé ? voilà toute la question. Je crois être très au courant de l’état de l’entreprise du Sig par dix lettres ou missives de personnes respectables, dont quelques-unes sont actionnaires de l’union. Je les ai crues d’autant plus facilement que j’étais d’avance convaincu du résultat. Messieurs du conseil d’administration affirment de Besançon que je suis dans l’erreur ; je désire qu’ils disent vrai, car si l’association réussissait, on y trouverait certainement une amélioration pour une partie de la société.