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Nous n’avons pas à rappeler ici les prodiges que le courage el le dévouement des Hongrois accomplirent pour la cause de cette grande reine. Les Hongrois sont dans leur droit, quand ils disent que c’est à eux que la maison d’Autriche doit la conservation de la monarchie. Hs en sont justement fiers ; le moriamur pro rege nostro Mariâ-Theresâ est souvent invoqué, dans leurs assemblées, comme une preuve des sentimens loyaux qui les animeront toujours, lorsqu’on fera appel à leur libre fidélité.

Les sacrifices des Hongrois touchèrent le cœur de Marie-Thérèse. La diète de 1765 contient, tant dans son préambule que dans ses dispositions, des preuves non équivoques des sentimens du souverain à l’égard d’une nation si fidèle et si brave. « Sa majesté, animée envers ses fidèles sujets par une sollicitude vraiment royale, ou plutôt par la tendresse d’une mère pour ses enfans, promet de se rendre à la plupart de leurs désirs. Elle résidera le plus long- temps possible en Hongrie ; les diètes seront tenues dorénavant à Bude. Le banat de Temeswar, le Littoral et divers autres districts du royaume lui seront restitués ; toutes les charges civiles et militaires seront confiées à des nationaux. Marie-Thôrèse ne se contenta pas de faire droit aux plaintes des états ; elle rechercha tout ce qui pouvait augmenter la prospérité du pays et écarter surtout l’idée blessante d’une tutelle étrangère. C’est à Marie-Thérèse que la Hongrie doit la plupart de ses établissemens d’instruction publique. Elle fonda une école militaire pour la jeune noblesse ; enfin, elle voulut confier la garde de sa personne à ceux dont elle avait si bien éprouvé la fidélité : elle créa la garde noble hongroise, un des plus brillans ornemens de la cour impériale. Elle posa à Bude la première pierre du château qui sert aujourd’hui de demeure au palatin ; elle se promettait sincèrement de venir souvent y résider au milieu d’une nation qui l’aimait et dont elle était fière. Mais, parmi les décrets de Marie-Thérèse, un de ceux qui lui font le plus d’honneur, c’est la loi connue sous le nom de l’urbarium ; l’urbarium est le code qui règle les rapports si difficiles et si souvent bouleversés entre les paysans et les seigneurs, entre les colons et les propriétaires des terres. Le règlement de Marie-Thérèse, rendu en 1767 et accepté depuis par les congrégations de chaque comitat, a été observé jusqu’aux dernières diètes de 1837 et de 1847.

La mémoire de Marie-Thérèse est chérie et vénérée dans toute la Hongrie ; son règne est une époque dont la nation et le souverain peuvent être également fiers, et dont la pensée doit les unir. La Hongrie a pu voir que sa grandeur n’est pas incompatible avec une royauté étrangère, et la maison impériale, reconnaître aussi qu’en s’attachant à mériter la confiance des Hongrois par ses paroles et par ses actes, elle trouverait en eux des sujets dévoués. Marie-Thérèse est, dans les temps