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moins les titres incontestables qui recommandent son nom à la reconnaissance publique.

Avant de présenter l’exposé sommaire des procédés de la photographie sur papier, il faut donner en quelques mots la théorie générale de l’opération. Tout le monde sait que les sels d’argent naturellement incolores, étant exposés à l’action de la lumière solaire ou diffuse, noircissent très promptement par suite d’une décomposition chimique provoquée par l’agent lumineux. D’après cela, si l’on place au foyer d’une chambre noire une feuille de papier imprégnée d’une dissolution d’un sel d’argent, l’image formée par l’objectif s’imprimera sur le papier, parce que les parties vivement éclairées noirciront la couche sensible, tandis que les parties obscures restant sans action laisseront au papier sa couleur blanche. On obtiendra ainsi une sorte de silhouette dans laquelle les parties éclairées du modèle seront représentées sur l’épreuve par une teinte noire et les ombres par des blancs. C’est ce que l’on nomme une image inverse ou négative, selon l’expression consacrée ; maintenant, si l’on place cette image sur une feuille de papier imprégnée d’un autre sel d’argent, et qu’on expose le tout à l’action directe du soleil, l’épreuve négative laissera passer la lumière à travers les parties transparentes du dessin et lui fermera passage dans les portions opaques. Le rayon solaire, allant ainsi agir sur le papier sensible placé au contact de l’épreuve négative, donnera naissance à une image sur laquelle les clairs et les ombres seront placés dans leur situation naturelle. On aura formé une image directe ou positive. Tel est le principe général de la photographie sur papier[1].

Le procédé pratique de cette branche curieuse de l’art photographique se compose, d’après cela, de deux séries distinctes d’opérations : la première ayant pour effet de préparer l’image inverse ; la seconde, de former l’épreuve redressée. On obtient l’épreuve inverse en recevant l’image de la chambre obscure sur un papier enduit d’iodure d’argent. Comme ce sel s’impressionne beaucoup plus promptement quand on l’entretient à l’état humide, on place le papier photogénique sur quelques doubles de papier humectés d’eau, et, pour lui donner une surface égale et parfaitement unie, on le presse entre deux glaces. Les choses ainsi disposées, on place ce système au foyer de la chambre obscure, l’interposition de la glace transparente ne nuisant aucunement à l’action de la lumière. Au bout de trente à cinquante secondes, l’effet lumineux est produit ; l’iodure d’argent se trouve décomposé dans les

  1. En appliquant une gravure, une lithographie, sur un papier imprégné de chlorure d’argent, et en exposant le tout au soleil, on peut reproduire cette gravure, cette lithographie d’une manière très simple et sans appareil optique. C’est une petite opération qui ne manque pas d’intérêt et qui peut avoir son utilité. On a jugé nécessaire de créer un mot pour la désigner : on l’appelle autophotographie.