Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 24.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parties éclairées, et, dans les points sur lesquels a agi la lumière, l’oxide d’argent est rendu libre. Cependant l’altération chimique qui vient d’avoir lieu n’est en aucune façon accusée à la surface du papier, on n’y observe aucune trace de dessin ; mais, si on le plonge dans une dissolution d’acide gallique, ce composé forme, avec l’oxide d’argent mis en liberté, un sel, le gallate d’argent, d’une couleur noire foncée, et l’image apparaît subitement. Il ne reste plus qu’à enlever l’excès du composé d’argent non influencé pour préserver l’épreuve de l’action ultérieure de la lumière. On y parvient en plongeant le dessin dans une dissolution d’hyposulfite de soude qui décompose immédiatement l’iodure d’argent. Pour obtenir l’image redressée, on place l’épreuve négative sur un papier imprégné de chlorure d’argent, on les serre tous deux entre deux glaces, l’épreuve négative en dessus, et on expose le tout au soleil ou à la lumière diffuse. La durée de l’exposition varie depuis une demi-heure jusqu’à quatre heures à la lumière diffuse, et au soleil depuis quinze jusqu’à vingt-cinq minutes. Au reste, comme on peut suivre de l’œil la formation du dessin, on est toujours le maître de s’arrêter quand on juge le trait suffisamment renforcé. Enfin, pour fixer l’image, on la place dans une dissolution d’hyposulfite de soude qui enlève l’excès de chlorure d’argent non influencé. Il paraît qu’en prolongeant plus ou moins la durée du séjour dans le bain d’hyposulfite de soude, on peut communiquer à l’épreuve une couleur qui varie, en parcourant toute l’échelle des tons bruns et des bistres, jusqu’au violet foncé et au noir intense. Nous n’avons pas besoin d’ajouter que l’épreuve négative peut servir à donner un très grand nombre d’autres épreuves positives, et qu’une fois obtenue, cette espèce de type peut fournir des reproductions indéfinies.

Il existe un autre procédé de photographie sur papier qui a l’avantage de donner du premier coup une épreuve directe sans passer par l’épreuve inverse. Il consiste à placer dans la chambre noire un papier imprégné de chlorure d’argent préalablement noirci par l’action de la lumière et plongé ensuite dans une dissolution d’iodure de potassium. Le mélange de ces deux composés produit un effet aussi précieux qu’inattendu. La lumière le détruit et fait apparaître par conséquent la surface blanche du papier. On forme un dessin blanc sur un fond coloré, et l’image est directe. Les plus belles épreuves connues de photographie sur papier s’obtiennent ainsi, et on arrive même à des résultats si admirables, que la gravure peut à peine en égaler la perfection. Nous avons vu quelques-uns de ces dessins devant lesquels un artiste serait tenté de briser ses crayons. Malheureusement ils s’altèrent à la lumière ; conservés pendant quelques années, ils finissent, dit-on, par s’effacer. Il paraît de plus qu’on ne peut opérer que par une exposition prolongée en plein soleil ; la reproduction des objets animés serait donc