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Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 24.djvu/136

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interdite. Toutefois nous en sommes, pour tout cela, réduits aux conjectures, car les détails de ce procédé ne sont encore que très imparfaitement connus.

La photographie sur papier est loin d’être parvenue aujourd’hui à son dernier degré de perfection. Sous le rapport de l’art, ses produits sont infiniment au-dessous des planches daguerriennes. On y chercherait en vain la rigueur, la délicatesse du trait, la dégradation admirable des teintes qui font le charme des épreuves métalliques. Il ne peut guère d’ailleurs en être autrement. La surface plane et polie d’un métal offre pour l’exécution d’un dessin photographique des facilités véritablement sans pareilles ; au contraire, la texture fibreuse du papier, ses aspérités, la communication capillaire qui s’établit entre les diverses parties de sa surface inégalement impressionnées, sont autant d’obstacles qui s’opposent à la rigueur absolue du tracé linéaire comme à l’exacte dégradation des teintes. Il ne faut donc pas s’attendre à voir, comme quelques personnes l’ont pensé, la photographie sur papier détrôner la photographie sur métal. Ces deux branches de l’art ont chacune leurs qualités et leurs avantages spéciaux ; toutes deux elles marcheront parallèlement, satisfaisant à des exigences diverses. Lorsqu’il s’agira de reproductions qui demandent une netteté et une rigueur absolues, quand on voudra réaliser les plus parfaites conditions de l’art, on aura recours aux opérations sur plaques métalliques. On s’adressera aux dessins sur papier quand on cherchera dans les reproductions photographiques ce qu’il faut y chercher surtout, c’est-à-dire des images fidèles dans leur ensemble, arrêtées dans leurs principaux détails, qui, obtenues par une manipulation prompte et facile, puissent se conserver sans trop de précaution, se renfermer en grand nombre sous un faible volume et se transporter aisément. Ainsi le daguerréotype conservera le privilège de la reproduction des grands sites artistiques, des monumens, des portraits, des représentations délicates qui intéressent l’histoire naturelle ; les papiers photogéniques seront aux mains du voyageur qui ne sait pas dessiner, ou de l’artiste qui veut éviter une perte de temps.

Outre la photographie sur métal et sur papier, il y a encore la photographie sur verre. M. Niepce de Saint-Victor a proposé, il y a quelques mois, de remplacer les plaques métalliques par une lame de verre ou par une feuille mince et flexible de mica. On étend à la surface de ces lames une couche d’albumine, et l’on opère ensuite comme dans le procédé de M. Talbot pour les épreuves sur papier. L’égalité de la couche et le poli de la surface permettent d’obtenir des épreuves qui se placent, pour la perfection, presque à côté des produits formés sur métal, en réunissant tous les avantages ordinaires des épreuves sur papier.

La photographie sur papier n’est pas cependant le dernier mot de