Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 24.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

multipliées et les plus vives d’affection et d’estime pour le gouvernement français, l’éloge le plus complet, non-seulement de la vigueur et de l’habileté qu’il a mises à combattre ses ennemis intérieurs, mais encore des mesures qu’il a prises à l’effet d’empêcher les révolutionnaires d’abuser de son hospitalité pour troubler les états voisins, l’espérance que, s’affermissant chaque jour davantage, il pourra rendre ces mesures plus complètes encore : tel est le fond de la dépêche de M. Ancillon, dont M. de Werther m’a donné connaissance. Seulement, à la fin on y trouve textuellement reproduites les conclusions de la lettre de M. de Metternich sur les dispositions où sont les trois cours de secourir les gouvernemens qui réclameraient leur appui contre des troubles intérieurs, et de considérer comme autant d’hostilités dirigées contre chacune d’elles les tentatives faites pour s’y opposer ; mais, dans le document prussien, le morceau est si peu en rapport avec ce qui le précède, qu’il semble y avoir été introduit après coup par une main étrangère.

« La dépêche de M. de Nesselrode se termine également par ces mêmes conclusions littéralement répétées. M. le comte Pozzo s’est borné à m’en lire les dernières phrases, paraissant n’attacher aucune importance à la démarche dont il était chargé, et n’y voir qu’une de ces formalités oiseuses dont les hommes de sens et d’expérience savent apprécier la portée véritable. J’ai cru que ma réponse aux trois envoyés devait être conforme à la couleur que chacun d’eux avait donnée à sa communication ; de même que j’avais parlé à M. de Hügel un langage raide et haut, je me suis montré bienveillant et amical à l’égard de la Prusse, un peu dédaigneux envers le cabinet de Saint-Pétersbourg. Ce qui a dû clairement ressortir de mes paroles pour mes trois interlocuteurs, c’est que nous sommes décidés à ne tolérer l’expression d’aucun doute injurieux sur nos intentions, que les insinuations et les reproches seraient également impuissans à nous faire dévier d’une ligne de conduite avouée par la politique et par la loyauté, et qu’en dépit de menaces plus ou moins déguisées, nous ferons en toute occurrence ce que nous croirons conforme à nos intérêts.

« Vous pourrez, monsieur, faire part du contenu de cette dépêche au ministre du gouvernement auprès duquel vous êtes accrédité. »


Ainsi, les déclarations concertées des trois puissances du Nord venaient se heurter contre d’autres déclarations non moins catégoriques du cabinet français. On lui annonçait l’intention d’intervenir, si l’on en était requis, pour protéger certains gouvernemens menacés ; il répondait que lui aussi interviendrait, le cas échéant, pour garantir certaines nationalités compromises. Au droit revendiqué par ses adversaires, il opposait son propre droit d’agir en chaque occurrence suivant ses intérêts du moment, sans faire autrement compte de l’espèce d’injonction qui lui était adressée. Enfin il signifiait à l’avance son intention bien arrêtée de ne souffrir en aucun cas, à aucun prix, l’intervention de forces étrangères en Belgique, en Suisse et en Piémont. Le chancelier d’Autriche admit tout d’abord, sans trop de difficultés, les déclarations