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intérimaire dont le roi de Danemark désignerait les membres pour le Schleswig, et la confédération germanique pour le Holstein. Dans l’intérêt de l’ordre, il serait créé deux corps de gendarmes de force égale ; l’un, destiné au Schleswig, serait sous la dépendance du Danemark, et l’autre, celui du Holstein, sous celle de la confédération. Tous les prisonniers seraient en outre remis en liberté, et l’embargo jeté sur les vaisseaux allemands serait levé comme indemnité des contributions de guerre dont les provinces danoises avaient été frappées. Ce projet d’armistice échoua devant les exigences de la Prusse, qui demandait le maintien du gouvernement insurrectionnel des duchés.

La Prusse protestait sans doute de son bon vouloir. Sur les représentations pressantes de la Suède, de la Russie et de l’Angleterre, elle ordonnait l’évacuation du Jutland, accomplie de si mauvaise grace par le général en chef de ses troupes. Sollicitée d’ailleurs chez elle par les réclamations de son commerce, qui commençait à sentir les inconvéniens du blocus, peut-être comprenait-elle qu’il lui serait difficile de persister dans la guerre injuste entreprise contre le Danemark ; mais, tourmentée par l’ambition qui l’avait conduite dans cette lutte, ou bien, si l’on veut, dominée par le génie conquérant de l’Allemagne unitaire, elle ne parlait de traiter que pour mettre en avant des propositions inacceptables. C’est ainsi qu’elle prit l’initiative d’une nouvelle négociation qui s’ouvrit à Malmoë, dans la province de Scanie, à quelques heures de Copenhague et de Berlin, sous la médiation en quelque sorte improvisée de la Suède, sans toutefois se prêter d’abord aux concessions justement exigées par le Danemark, disposé pour sa part à céder sur quelques points.

L’une des difficultés les plus grandes à résoudre était d’organiser d’une manière satisfaisante pour les deux parties l’administration des duchés pendant l’armistice. Le vœu de la Prusse était de maintenir le gouvernement qui s’était installé au moment de l’insurrection. C’était humilier le Danemark devant la révolte. Le Danemark voulait, de son côté, la dissolution du gouvernement insurrectionnel, et il eût, en outre, désiré une administration séparée, comme la nationalité même, pour chacun des duchés. La conséquence des négociations nouées à Malmoë sous la médiation du roi de Suède fut d’amener à cet égard une transaction que l’Angleterre et la Russie appuyaient. L’armistice, rédigé dans cet esprit, fut signé le 2 juillet. Il était conclu pour trois mois, et stipulait un mois de dédit pour la reprise des hostilités, des indemnités réciproques, l’évacuation des deux duchés. Quant à l’administration intérimaire des duchés, elle resterait commune pour le Schleswig et le Holstein ; mais le gouvernement insurrectionnel disparaîtrait, et le mode d’administration existant avant le mois de mars, c’est-à-dire avant l’insurrection, serait remis en vigueur. Toutefois, les