une pénible surprise de l’attitude étrange du général Allemandi, qui avait dissipé pendant plusieurs jours, en des expéditions inutiles et dangereuses, le temps que les volontaires lombards, conformément au plan de Meneghelli, n’auraient dû consacrer qu’à l’expédition du Tyrol. Sur des troupes peu habituées à la discipline, le défaut d’unité et de prévoyance, que trahissaient tant d’ordres contradictoires, devait produire et produisit en effet la plus fâcheuse impression.
Ce ne fut qu’après le retour des débris de la colonne Mannara que le général Allemandi se souvint de l’expédition du Tyrol et des volontaires perdus dans les neiges depuis plusieurs jours en présence d’un ennemi dont les forces n’étaient pas connues. Toutes les légions réunies à Salò ou dans les environs, et près de cinq cents déserteurs de l’armée autrichienne, passèrent la frontière tyrolienne et se dirigèrent à grands pas vers Tione, dans l’intention de tenter un coup de main sur Riva. Le général Allemandi avait donc complètement oublié le plan de l’abbé Meneghelli, que le gouvernement provisoire et le général en chef avaient non-seulement approuvé, mais dont ils avaient ordonné l’exécution, le plan auquel lui-même avait acquiescé ! La colonne Scotti et Meneghelli attendaient à Tione le renfort promis pour se diriger vers Trente ; le renfort arrivait, mais porteur d’instructions qui ne parlaient de Trente qu’en termes vagues, et signalaient Riva comme le but principal de la campagne.
Cependant les Autrichiens postés sur le Limarò et prêts à attaquer la colonne Scotti changèrent d’avis, lorsque les deux mille hommes de renforts furent arrivés. Ils évacuèrent le château de Stenico et se retirèrent au-delà du Limaro, dans les montagnes voisines du Tyrol autrichien ; mais, avant d’effectuer leur retraite, ils eurent recours à un subterfuge dont les exemples ne manquent pas dans l’histoire de cette campagne, qui nous reporte souvent aux plus tristes jours du moyen-âge. Les volontaires venaient de prendre possession du château de Stenico, lorsqu’ils virent un corps assez nombreux d’hommes armés sortir du château de Tublin (situé au-delà de Stenico, dans la direction du Tyrol autrichien) et se diriger en toute hâte vers eux. L’habit noir ou brun serré sur les hanches par une large ceinture en cuir, le chapeau à large bord et à fond pointu surmonté d’une plume noire, tout le costume enfin des nouveaux venus annonçait une bande italienne. Le drapeau tricolore flottait à la tête de la petite colonne, et des écharpes aux mêmes couleurs se croisaient sur la poitrine des officiers. Le premier mouvement des volontaires postés à Stenico fut de se porter au devant de ceux qu’ils regardaient comme des frères ; mais le costume, le drapeau italiens ne cachaient, cette fois, qu’un odieux stratagème. Quand les deux troupes ne furent plus qu’à quelques pas l’une de l’autre, la première jeta le masque, en poussant un cri de rage, et les