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volontaires de Stenico, à peine armés, se virent attaqués par un détachement autrichien. En quelques minutes, une mêlée s’engagea dans laquelle les Autrichiens eurent d’abord facilement le dessus. De nombreuses victimes tombèrent sous leurs coups. Bientôt pourtant les jeunes volontaires, à force de courage et de sang-froid, firent reculer l’ennemi, mais ce ne fut qu’après avoir laissé plusieurs de leurs vaillans compagnons entre les mains des Autrichiens ou sur le champ de bataille.

Toutefois les Autrichiens s’étaient retirés de Stenico. Il s’agissait de marcher en avant. C’est alors que la discorde se mit au camp des volontaires. La colonne commandée par l’abbé Meneghelli et le capitaine Scotti voulait se diriger sur Trente, et un grand nombre des jeunes soldats de la colonne Mannara s’étaient ralliés à ce parti ; mais d’autres, surtout les officiers des différens corps, faisaient valoir les difficultés du chemin (il n’y avait guère que pour dix ou douze heures de marche), les instructions du général Allemandi et tous les avantages qui résulteraient pour eux de la possession de Riva, poste important situé sur le lac de Garda, clé des communications entre le Tyrol et la Lombardie. Ce fut au milieu de ces débats que l’un des messagers envoyés par Meneghelli dans l’intérieur du pays, pour observer les mouvemens de l’ennemi, arriva le 12 avril au camp des volontaires. Riva, disait-il, n’était occupé que par trois cents Autrichiens environ, et il serait très facile de s’en emparer. Meneghelli se rangea dès ce moment à l’avis de ceux qui réclamaient avant tout l’occupation de Riva.

On pouvait croire que cette résolution de Meneghelli allait rétablir l’accord, si malencontreusement troublé entre les chefs des volontaires. Il n’en fut pas ainsi. L’expédition sur Riva une fois décidée, ce fut sur le plan même de cette expédition qu’on discuta. Meneghelli proposait la marche nocturne de deux corps, dont l’un, commandé par lui-même et traversant les villages de Prando, Demo, Saint-Jean, attaquerait la ville par le nord, y pénétrerait, et s’y installerait de concert avec les habitans ; dont l’autre ferait la même manœuvre, mais du côté de l’orient, tandis qu’un détachement se porterait sur le mont Brione pour couper la retraite à l’ennemi. Ce plan ne fut pas agréé. Les capitaines Arcioni et Longhena objectèrent que l’ordre du général Allemandi était bien, en effet, de marcher sur Riva, mais sans partager le corps des volontaires, et en suivant une route fort différente de celle indiquée par Meneghelli. L’itinéraire tracé par le général Allemandi ne prouvait que trop combien il connaissait peu le pays, puisqu’il nécessitait un détour que Meneghelli proposait d’éviter. Meneghelli, d’ailleurs, n’avait-il pas reçu du gouvernement provisoire de Milan l’autorisation d’exécuter son plan et de diriger la colonne des volontaires à travers ces vallées, dont il connaissait tous les passages ? Quoi qu’il en soit, le