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Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 1.djvu/416

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produits. Nous acquîmes d’ailleurs bientôt la certitude que, si l’intervention trop directe des employés européens dans les arrangemens agricoles des Javanais présentait de graves inconvéniens, leur surveillance active sur les chefs qui président à la répartition des travaux des champs et des corvées pouvait avoir les meilleurs résultats pour la tranquillité et le bien-être des pauvres cultivateurs, qu’elle seule pouvait conduire à l’extension des ressources agricoles de la colonie et à la perception régulière de l’impôt. En effet, d’incroyables abus se sont glissés dans l’administration des dessas, considérés comme communautés agricoles, et ces abus compromettent à la fois la tranquillité, la prospérité des villages et les revenus du gouvernement. La perception de l’impôt territorial à Java est une opération compliquée, délicate, qui exige une surveillance fort active, une certaine adresse, beaucoup de prudence et de fermeté. En dernière analyse, le produit de cette opération ne réalise jamais qu’incomplètement les modestes espérances du trésor, attendu que l’administrateur européen le plus habile et le plus prudent est nécessairement, à certains égards, dupe volontaire ou involontaire du contribuable javanais. Les us et coutumes et l’organisation communale ne sont pas les mêmes pour toute l’île, il y a surtout des différences notables entre le pays de Soonda, à l’ouest de Chéribon, et le Java proprement dit, à l’est ; mais les inconvéniens de l’influence excessive des chefs indigènes sont à peu près les mêmes du détroit de la Sonde à l’extrémité de Madura.

On voit que le nouveau système des cultures exige, de la part des fonctionnaires chargés de l’appliquer, une rare intelligence des mœurs javanaises. Toutes les dispositions de ce système sont empreintes d’un respect profond pour ces mœurs comme pour ces institutions locales. Nous n’en voulons pour exemple que le principe fondamental en vertu duquel un Javanais ne travaille qu’un jour sur quatre. Ce principe est parfaitement sage, car le cultivateur employé aux plantations du gouvernement est très souvent requis, en rentrant chez lui, pour aller le lendemain aux corvées. Il faut de plus qu’il donne ses soins à ses propres cultures, qu’il s’occupe de la vente de ses denrées, qu’il répare ou entretienne sa maison, qu’il assiste aux sedekas ou autres jeux ou cérémonies domestiques qui occupent ses loisirs. Il convient donc de ne le faire travailler aux cultures du gouvernement qu’un jour sur quatre.

Une autre disposition du système, celle qui accorde au gouvernement, pour les cultures destinées à l’exportation, un cinquième des terres à riz (sawas), mérite également d’être citée avec éloge. En effet, le repos des terres qui, pendant quatre années, ont été plantées en riz leur assure une continuelle fertilité. Les pluies de la mousson offrent d’ailleurs à Java un excellent engrais, le meilleur par le fait dont il