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soit possible de profiter, attendu que la difficulté des transports rendrait l’introduction d’un système d’engrais artificiel à peu près impraticable.

De grandes améliorations ont été apportées dans l’existence politique communes depuis seize années, et c’est aux règles adoptées pour la perception de l’impôt territorial qu’on le doit. On est revenu en partie aux anciens usages sur les droits des cultivateurs ; le produit moyen réel des sawas a été mieux connu, et chaque cultivateur sait ce qu’il doit payer d’impôt pour sa part de terrain ; car, lorsque le résident fait sa tournée pour arrêter la répartition de l’impôt, il est toujours accompagné de quelqu’un des anciens de chaque dessa, indépendamment du chef. Les habitans sont exactement informés, de cette manière, du chiffre total auquel leur dessa est imposé, et la répartition de détail se fait en conséquence. Dans le cas où la juste répartition de l’impôt éprouve des obstacles par suite de la malversation des régens, les administrations communales ont droit de remontrance. Plusieurs fois, depuis 1816, les corps municipaux d’un ou plusieurs districts se sont rassemblés soit pour porter plainte contre leurs régens, soit pour se plaindre qu’on les surchargeait de travaux ; ce dernier cas s’est présenté deux fois, en une seule année, dans la même résidence.

Il importe de donner une idée des abus dont les dessas ont souffert de tout temps, et qu’on est loin d’avoir complètement extirpés. Les terres de chaque dessa appartiennent en partie aux premiers défricheurs ou à leurs descendans, en partie à la communauté. Or, le gouvernement ayant fixé une unité de superficie, le yonk[1], dont le quart est désigné par le nom de bow[2], les dessas ont appliqué cette dernière désignation à la quote-part de terrain que chaque homme cultive ; mais la superficie réelle varie par suite de causes diverses et selon les localités. Il y a donc de grands et de petits bows. Les corvées sont réparties en conséquence, mais les chefs de dessas font peser également l’impôt territorial sur tous les bows, grands ou petits. On s’est assuré que, dans certaines localités, il y avait des bows de 1,500 perches carrées, d’autres qui n’atteignaient pas 400 perches : or, comme la superficie légale du bow est de 500 perches, il en résultait que, parmi les propriétaires de bows également imposés, il y en avait qui possédaient plus de trois bows et ne payaient pas plus que le pauvre cultivateur qui ne possédait que trois quarts de bow[3]. D’autres abus non moins crians

  1. Plus exactement djong, mesure agraire d’origine javanaise égale à 2,000 perches carrées ou à 2 hectares et un peu plus de huit dixièmes.
  2. Le bow (prononcez baou), quart du djong, vaut sept dixièmes d’hectare.
  3. Il nous a été affirmé, par des personnes entièrement dignes de foi, qu’il existait eu fois autant de sawas qu’il y en avait de portées sur les piagems (rôles des contribuons), en sorte que les intérêts du gouvernement et ceux des pauvres cultivateurs sont également lésés par les abus que nous avons indiqués.