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Toutes les épreuves donnèrent des résultats analogues. Dix ans après M. de Brou réclamait encore la réalisation, du système de Magin. S’étonner que ces expériences aient été perdues de vue et restent enfouies dans les archives du comité des fortifications, c’est oublier combien les choses utiles inventées en France y sont dédaignées tant qu’elles n’y reviennent pas consacrées par le parti qu’ont su en tirer les étrangers. Pour que celle-ci fût admise sur la Seine, il aurait fallu qu’elle commençât par servir à déblayer la Tamise. Il en coûterait peu d’essayer si elle n’offre pas le germe du meilleur moyen de dériver les ensablemens qui se forment dans la rade de Dunkerque. Il est au moins probable que l’application des procédés de Magin ajouterait beaucoup à l’efficacité des chasses pratiquées dans le chenal, et si tous les résultats obtenus à Quilleboeuf se confirmaient sur la mer du Nord, il ne serait pas trop téméraire d’espérer qu’avec du temps la rade de Dunkerque serait prolongée jusque devant Ostende. La Belgique acquerrait par là l’importance maritime qui lui manque, et ce serait un puissant lien de plus entre elle et la France.

Il est temps d’entrer dans le port de Dunkerque. Les hydrographes du XVIIe siècle lui trouvaient la forme d’une hache, le manche représentant le chenal, et la lame le port lui-même. Cette forme n’a point changé : le chenal, auquel Vauban avait donné 1,880 mètres de long, en a maintenant 2,050, et le port se recourbe en dedans des fortifications, perpendiculairement à la direction du chenal ; sa superficie est de neuf hectares. L’arrière-port est longitudinalement divisé par une langue de terre en deux parties inégales, dont l’une a été convertie, en 1686, en bassin à flot, et dont l’autre, plus étendue, reçoit par une écluse, ouvrage de Vauban, à mer haute, les bateaux des canaux qui se ramifient autour de Dunkerque, et, à mer basse, les eaux intérieures qui viennent de Bergues, de Bourbourg et de Mardyck. À quelques pas en arrière s’élève la gare du chemin de fer du Nord. Les vastes terrains sur lesquels sont établis des centres de mouvement si rapprochés sont inhabités au milieu de la ville, et l’herbe en couvre la plus grande partie : ils appartiennent à l’état, et l’arrière-port, avec ses attenances, est enfermé dans une haute muraille. Le port, les canaux, le chemin de fer, isolés l’un de l’autre par cette enceinte et par les gênes du double service de l’écluse de Vauban, communiquent ensemble péniblement ou par de longs détours ; le fractionnement comprime ce qui ne saurait prospérer que par l’unité, et la circulation est interdite dans le quartier de la ville qui devrait en être le foyer.

Des moyens simples, efficaces, économiques surtout, s’offrent pour remédier à cet état de choses et imprimer au commerce de Dunkerque l’essor d’une prospérité sans exemple dans le passé. On n’a pas daigné les apercevoir. Il ne faut, pour qu’ils frappent les yeux les