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funeste aux illusions ; mais, comme le principal but de cette étude a été de peser les charges financières que l’Algérie impose à la France, résignons-nous donc à descendre dans les détails du budget algérien.

Les dépenses occasionnées par nos possessions du nord de l’Afrique forment trois catégories : 1° les dépenses purement militaires, c’est-à-dire la solde, l’équipement et l’entretien de l’armée ; 2° les dépenses de gouvernement à la charge de l’état et inscrites au budget des divers ministères suivant la spécialité des services ; 3° le budget local et municipal. La première catégorie, sans cesse modifiée par les mouvemens de troupes, presque toujours aggravée par des demandes de crédits extraordinaires, entraînait précédemment, avec un effectif moyen de 94,000 hommes, une dépense de 64 millions. L’effectif est réduit à 75,000 hommes, et on demande pour l’exercice courant 54 millions. À ce premier chiffre doit être ajouté le crédit pour les travaux militaires, inscrit dans le budget de la guerre, non pas dans la catégorie spéciale des dépenses algériennes, mais au chapitre qui a pour objet les travaux matériels du génie, tant en France qu’à l’extérieur. Ce crédit, qui admettrait, selon nous, une réduction notable, est encore porté, dans les comptes de 1849, à 4,646000 francs.

Les dépenses du gouvernement à la charge de l’état comprennent, au budget de la guerre, une série de chapitres dont le montant s’élève, pour l’exercice courant, à 23,632,515 fr. La formation des corps militaires : spécialement recrutés parmi les indigènes, entretenus et soldés par l’état, produit un des plus lourds chapitres de ce budget colonial. Les frais qui en résultent s’élèvent à 7,889,500 fr. Les cultes, l’instruction publique, la justice et certains services financiers, ne dépendant plus aujourd’hui du ministère de la guerre, augmentent les budgets des divers ministères auxquels ils correspondent. La création de nouvelles communes, les frais de passage des ouvriers, les encouragemens à l’agriculture, l’établissement des pépinières et les cultures d’essai, comparaissent au budget sous le titre général de colonisation, et absorbent près de 2 millions, indépendamment de la subvention extraordinaire de 10 millions pour l’établissement des colonies agricoles ; plus de 8 millions sont consacrés aux travaux publics de toute nature, sans préjudice de ceux que le génie militaire exécute pour les besoins spéciaux de l’armée.

Enfin, la troisième catégorie de dépenses, composant le budget local et municipal, se compose, en recettes, des octrois de mer et de terre, du dixième des contributions arabes, de péages, de concessions et produits spéciaux à la commune. Les dépenses ont pour objet les intérêts de localité et de vicinalité. Sauf un prélèvement d’un quart applicable aux besoins généraux de la colonie, le budget local et municipal est subdivisé en trois comptes distincts, un par département, comme pour établir