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produits en céréales récoltés par les indigènes. Il atteint toutes les terres, même celles qui ont payé le hokor : c’est qu’en effet le hokor est une sorte de fermage ; l’achour est l’impôt foncier. Le zekkat, impôt sur le bétail, cette richesse mobilière des Arabes, est acquitté uniformément dans les trois provinces, à raison de 1 sur 100 pour les moutons et les chèvres, 1 sur 30 pour l’espèce bovine, 1 sur 40 pour les chameaux. Une contribution moins importante comme produit que comme moyen de direction politique est l’eussa ou lezma, sorte de taxe payée par les tribus sahariennes pour avoir le droit d’acheter sur les marchés du Tell les blés dont elles ont besoin. Long-temps exposé à des exactions de la part des chefs du petit désert, ces tribus se sont mises sous la protection de la France, qui, en échange d’une redevance très modérée, se charge de les défendre contre les avanies dont elles avaient à se plaindre. Outre ces contributions permanentes, qui ont pour base le sol ou la fortune mobilière, il y a encore les recettes éventuelles, qui se composent principalement de quelques légers droits de succession, de soumission, d’investiture, des contributions de guerre ou des prises faites sur l’ennemi.

La perception des impôts est confiée, sous la direction des bureaux arabes, aux chefs indigènes, qui prélèvent, pour les frais de recouvrement, la dixième partie des produits. Les rentrées arabes s’opèrent avec lenteur et difficulté. Les plus grands ménagemens sont nécessaires pour ne pas aliéner ces tribus dont l’assujettissement politique, dont la conquête morale nous ont coûté des efforts si prolongés et si dispendieux. Lorsque ces contributions sont acquittées en nature, l’administration les évalue en numéraire au cours des mercuriales et en tient compte, au même taux, aux receveurs des finances. Ces opérations donnent lieu à des formalités minutieuses et compliquées. Les sommes qui entrent effectivement dans les caisses publiques restent d’ordinaire bien au-dessous du chiffre des droits constatés. Ces irrégularités montrent l’urgence d’un contrôle sévère à introduire dans l’assiette et la perception des impôts arabes.

D’après le compte définitif de 1846, les produits et revenus de l’Algérie se sont élevés à 13,676,997 francs. L’année suivante a été beaucoup moins favorable Les chiffres de 1848 se sont un peu relevés ; on les a pris pour base dans les prévisions du budget général de 1849.


Contributions directes 409,000 fr.
Enregistrement, timbre et domaines 3,649,000
Forêts, douanes et sels 3,557,000
Contributions indirectes 1,328,000
Postes 842,000
Contributions arabes 2,062,000
Produits divers 978,000
Total des recettes au profit du trésor 12,825,000 fr.