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À ajouter : Recettes locales et municipales (par approximation) 5,000,000 fr.
Total général des recettes 17,85,000 fr.

À ce produit réel de la colonie, il faudrait peut-être ajouter les recettes accidentelles venant de la vente des objets inutiles ou réformés. Il y a quelques années, on trouvait moyen de porter jusqu’à 4 et 5 millions le montant de ces ventes, afin de grossir avec ce chiffre le budget des recettes. On a renoncé à cet artifice. Nous ne savons pas à quel compte figurent aujourd’hui les recouvremens accidentels. En résumé, une recette de 18 millions étant à déduire du total des charges portées à 100 millions, la France restera à découvert d’environ 82 millions pour le présent exercice, que nous prenons comme mesure approximative du budget algérien.


II. — RÉSULTATS DE L’EXPLOITATION COLONIALE.

La conquête militaire, l’organisation politique et administrative ne sont que des moyens. Le but à atteindre, c’est la mise en valeur du sol, c’est l’exploitation lucrative, afin que l’entreprise en arrive un jour à payer ses frais. Nous avons regret de le dire, on marche dans une voie où ce but ne se découvre pas encore, même dans la perspective la plus éloignée.

Un mot employé communément a répandu une idée bien fausse sur la nature de notre établissement africain. C’est le mot conquête, justifié sans doute par les résultats militaires, mais inadmissible dans la sphère des opérations civiles. Pour la partie irréfléchie du public, une conquête ne saurait être autre chose que l’acquisition pure et simple d’un empire par le droit du plus fort. Parmi les esprits cultivés, on s’en est tenu trop souvent à de vagues réminiscences de l’établissement des Anglais dans l’inde, ou de l’appropriation des terres inoccupées dans les États-Unis d’Amérique. Aucune de ces idées n’est applicable à l’Algérie. Soit en vertu de la capitulation qui a transféré à la France la souveraineté de l’ancien dey d’Alger, soit en raison des promesses solennelles adressées par les gouverneurs aux tribus qui ont reconnu notre domination, nous laissons aux indigènes toutes les propriétés possédées à titre légitime. La conquête n’a donc pas été une acquisition territoriale, si ce n’est en ce qui concerne les biens du beylik pour lesquels notre domaine se substitue naturellement au gouvernement turc. Ainsi, aucune similitude à établir avec l’Inde, où les Anglais, ne spéculant que sur le commerce et les impôts, ont renoncé au droit de posséder la terre et de l’exploiter directement ; aucune similitude avec les