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les maximes qui semblent devoir prévaloir dans la jeune République. Un grand nombre de nos lecteurs croiront avec peine que c’est la même chose que si le lord-maire, ou M. Hardwick, ou tout autre magistrat chargé de rendre la justice, avait mandé un commerçant de Londres et lui avait fait déposer une lettre qu’il aurait eu l’intention d’envoyer aux journaux en faveur d’un accusé. Nous aimons à pouvoir dire que l’esprit de résistance devient plus fort. Beaucoup de gens se sont fait honneur en fournissant à M. Libri des renseignements, avec permission d’user de leur nom. — Quelques-uns ne se sont pas sentis assez forts pour aller jusque-là. Nous citerons en première ligne, parmi ceux qui se sont déclarés prêts à combattre le chef de vingt légions, M. Paul Lacroix, le célèbre bibliophile Jacob. M. Lacroix a entrepris un catalogue descriptif des manuscrits qui sont ou ont été en la possession de M. Libri, établissant leur provenance sur des documents et des témoignages. La tâche, quelque rude qu’elle soit, sera facile pour ce célèbre bibliographe. — Nous avons entendu parler, de sa connaissance approfondie des bibliothèques, de sa prodigieuse mémoire pour tous les faits relatifs aux manuscrits en particulier, d’une façon telle que nous ne voulons pas la reproduire devant nos lecteurs sans l’appuyer du témoignage ; que nous en avons reçu nous-même. M. Lacroix s’est occupé récemment de la grande collection de manuscrits que M. Libri a vendus il y a déjà quelques années à lord Asburnham, et il promet de rendre un compte très-détaillé de la manière dont on se les est procurés. Tout cela est superflu en ce qui concerne l’acquittement de M. Libri pour tout autre pays que la France. Mais M. Lacroix ne semble pas travailler pour M. Libri seul ; c’est dans son propre intérêt et dans celui de tous les amateurs. Il nous donne à entendre que des accusations de cette nature sont le sort commun de tous ceux qui rassemblent des livres ou des manuscrits en France : — circonstance assez naturelle dans un pays où, à ce qu’il paraît, les bibliothèques ont à souffrir des vols considérables, sans qu’on y porte une grande attention ; probablement, les collectionneurs de livres de profession, qui sont peu nombreux en France, sont les plus innocents en général. Mais, leur réputation a pu souffrir par suite de la négligence des bibliothécaires. M. Libri donne une liste des livres qu’il a envoyés à Paris pour être examinés : il donne aussi une liste de cent cinquante-trois manuscrits qui