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épouvantail à leur adresse. Je reconnais là mon cardinal… Je m’étais d’abord figuré qu’il s’agissait d’un danger sérieux, que ce valet qu’on a saisi, dit-on, ce Lassalgue, avait trahi quelque mystère ; mais Morvilliers m’assure qu’il n’a rien révélé… Non, non, c’est uniquement pour éloigner les princes qu’on entasse ici ces soldats ; mais patience, on peut déjouer de si beaux plans. Nous aurons raison de vous, messieurs de Guise ! Vous avez beau secouer la bride, je vous ferai bien voir que je ne l’ai pas lâchée.



Scène III.

LA REINE-MÈRE, Mme DE MONTPENSIER, ROBERT STEWART.
Mme DE MONTPENSIER.

Voici M. Stewart, madame.

LA REINE-MÈRE, bas à Mme de Montpensier.

Écoutez, chère duchesse, je veux, pendant que j’y pense, vous recommander quelque chose. Vous direz à Bourdeille et à de Brosse d’aller voir par les hôtelleries si ces messieurs des états commencent à arriver. Ils leur feraient entendre que j’aurais grand plaisir à les connaître, eux et leurs cahiers. Qu’ils viennent le matin avant la messe. (Haut à Stewart.) Bonjour, monsieur Stewart ; à quelle heure attendez-vous le roi ?

STEWART.

Au plus tard vers midi, madame. Les guetteurs de la ville sont sur le beffroi : d’aussi loin qu’ils verront reluire le cortège, ils mettront en branle la cloche d’argent, et le canon des remparts répondra.

LA REINE-MÈRE, à demi-voix.

Ainsi, j’aurai bientôt le mot de cette énigme. (Haut à Stewart.) Depuis quel jour êtes-vous ici ?

STEWART.

Depuis mercredi, madame.

LA REINE-MÈRE.

Vous avez donc fait route avec M. de Cypierre ?

STEWART.

Non, madame. À chacun ses affaires. M. de Cypierre est venu donner la chasse aux bourgeois ; moi, je viens pour une autre chasse. J’amène les faucons du roi.

LA REINE-MÈRE.

Ah ! mes enfans se disposent à chasser pendant les états ?

STEWART.

Je ne vois pas, sauf votre respect, madame, ce qu’ils pourraient faire