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REVUE DES DEUX MONDES.
LA REINE, prenant la main du roi.

Allons, mon cher seigneur, celui-ci, soyons justes, n’est pas l’ennemi de votre repos : il sait si bien vous endormir !

LA REINE-MÈRE.

Tout cela n’est qu’enfantillage. N’ayez pas peur, nous le renverrons promptement. Mais il faut que vous le supportiez ; il faut même que vous lui parliez, François ; que vous le chargiez d’inviter ses frères à venir sans délai. Surtout n’allez pas les habiller devant lui, comme il vous arrive quelquefois.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

C’est un avis bien sage que vous lui donnez là, madame.

LA REINE-MÈRE.

N’oubliez pas qu’il ne peut vous advenir plus grand bien que de voir vos cousins prendre séance aux états. Nous en sommes d’accord, messieurs vos oncles et moi.

LE ROI, prenant le bras de la reine et lui parlant à demi-voix.

Ma foi ! s’ils sont d’accord, venez-vous-en, Marie ; asseyons-nous sur ces coussins et parlons de nos affaires… Vous trouvez donc que ces milans de notre sœur d’Espagne ne valent pas ceux que Stewart nous faisait venir de Dunbarton ?

(Pendant que le roi et la reine font cet aparté, la reine-mère est retournée s’asseoir devant la table et s’est remise à écrire. Le duc de Guise et son frère s’entretiennent à voix basse. Au bout de très peu d’instans, l’huissier rentre et annonce : Monseigneur le cardinal de Bourbon. — La reine-mère se lève et va au-devant du cardinal.)



Scène XIX.

Les mêmes, LE CARDINAL DE BOURBON.


LA REINE-MÈRE.

Cher cardinal, nous parlions de messieurs vos frères. MM. de Guise gémissent comme vous, comme moi, des tristes nécessités où le roi serait conduit, si ses cousins persistaient dans leur refus. Il faut les empêcher de se perdre. Allez vers eux, monsieur le cardinal, nous vous y convions tous.

LE CARDINAL DE BOURBON.

J’y veux aller, madame, et dès ce soir.

LA REINE-MÈRE.

Dites-leur tout ce que vous inspirera votre cœur de frère et de bon serviteur du roi.

LE CARDINAL DE BOURBON.

Je leur dirai… je leur dirai… Si la reine me le permet, voici ce que je leur dirai…