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Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/284

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THOMAS CARLYLE


SA VIE ET SES ÉCRITS.




Depuis que le nom de Thomas Carlyle a été prononcé en France pour la première fois, depuis que la valeur littéraire de ses écrits a trouvé ici même un brillant appréciateur[1], d’étranges événemens sont venus confirmer les théories de l’humoriste anglais et donner gain de cause à ses pensées. La plupart des choses qu’il a prédites sont arrivées, et son explication de la révolution française est la seule que nous puissions adopter maintenant, car c’est la seule que les événemens survenus depuis un an aient justifiée. Pas un de ces événemens n’a démenti ses horoscopes. Puisque nous avons tant de prophètes socialistes et d’astrologues prédisant des choses qui toujours reculent et ne se réalisent jamais, nous devons nous estimer heureux d’avoir pour ainsi dire un astronome qui a su préciser le jour et l’heure des éclipses, des tremblemens de terre et des orages. Si les écrits de Carlyle étaient traduits, ils pourraient avoir, en dehors de leur valeur intrinsèque et réelle, une valeur superficielle et toute d’actualité.

Thomas Carlyle est un des hommes les plus remarquables de notre temps, un des esprits les plus fortement trempés de l’Europe. Depuis que la philosophie allemande, vieillissante avec Schelling, est tombée entre les mains de ces grands docteurs de l’athéisme qui dirigent au-delà du Rhin les clubs de Francfort, de Vienne et de Berlin, depuis que l’école doctrinaire en France est allée se dissolvant dans la politique et les bruits du jour, il n’a point paru un homme qui lui soit supérieur.

  1. Voyez dans la livraison du 1er octobre 1847 l’article de M. Philarète Chasles.